brownangel

Brown Angel
s/t LP
Thunderhaus Ltd 2010

Brown Angel est avant tout une histoire de famille. John Roman, batteur de Microwaves, cellule très récemment réactivée, s'associe avec Adam MacGregor, ex-bassiste de Microwaves sur le troisième album Contagion Heuristic, bien qu'il joue ici de la guitare et donne de la voix, le rôle du bassiste échouant à Mike Rensland, ex-Magic Wolf (vous ne ratez rien). L'album est masterisé par Steve Moore, l'ex-bassiste de Microwaves sur les deux premiers albums de Microwaves et si vous croyez au final que tout ça sonne comme du Microwaves, vous vous mettez le doigt bien profond (je vous laisse le choix de l'endroit).

Brown Angel se veut un hommage à toutes musiques des années 80 les plus dures et sombres, Swans, Godflesh, Head of David, revues par un son bien de maintenant. L'ange n'est pas là pour la gaudriole. Cet album débute pourtant assez mal. Un titre comme Danava Bhanjana Rama sonne comme une hindouserie qui pue l'encens à plein nez. On n'est pas loin de la triste réalité. Une longue ascension de huit minutes qui n'est pas pressée de se mettre en route et qui n'arrivera jamais bien haut, avec juste ce qu'il faut d'infra-basse et de grésillements pour faire tourner le trip du puriste au vinaigre. Les choses sérieuses commencent juste après. Cette basse, on se la prend continuellement dans les gencives. C'est du brutal. Et avec ce rythme lourd et lancinant essayant de se dépatauger de la mare Godflesh, la guitare qui ferraille, grince, triture dans la décharge des Swans, les deux autres titres de la face O (surtout les sept minutes de White Light) tuent toutes tentatives d'envolées terrestres.
Mais c'est sur la face double OO que la punition devient réellement succulente. Occidentosis, le rythme de la galère augmente, la guitare crie toute sa douleur, le chant devient abject, l'ambiance est délétère. Appeler le titre suivant Your Life is Heaven est une belle boutade tant Brown Angel fait preuve d'une belle dose de malsain, de larsens qui durent, de triturations qui dépiautent, d'un rythme qui s'accélère, d'une basse démoniaque. Les coups de massues vous enfoncent plus bas que terre, c'est le son d'un metal crépitant, d'une vieille usine à pistons déglingués avec des influences très marquées certes, mais dont la débauche et l'interprétation sans faille finissent par vous convaincre.

A l'intérieur, on retrouve le banal Kodak d'un mec qui porte lui-même un appareil photo autour du cou et toutes les infos techniques sur le disque, écrites sur un transparent se lisant dans tous les sens. Thunderhaus Ltd, le propre micro-label de Microwaves a fait preuve d'abondance en pressant ce disque à 150 exemplaires. C'est trop.

SKX (04/10/2011)