Big'N. La grande Noise avec un grand N. Retour aux fondamentaux. Canal historique réactivé pour mieux se faire exploser. J'avais jusque là évité méticuleusement toutes les reformations, quelles qu'elles soient, de Slint à Jesus Lizard, au nom d'un sacro-saint principe que je ne m'explique pas mais dont j'en avais l'aiguë conscience. Mais là, Big'N qui n'était jamais venu en Europe du temps de sa grande époque (1992-1996), je ne peux décemment, éthiquement pas les rater. Trois dates en France. Trois fois au premier rang. Quand on renie ces principes, autant le faire en grand. Jusqu'à les ramener dans le fond de son coffre… On y reviendra en temps et en heure.

Alors rien de tel pour raviver un vieil amour q'une compilation. Surtout que cette compilation est plus qu'une énumération scolaire et ennuyeuse d'une suite de singles alignés en rang d'oignons. C'est du niveau de celle de Unsane, la Singles 89-92, un album à part entière qui contentera tout le monde. Les plus jeunes et moins riches qui n'ont jamais eu l'occasion de se procurer toutes ces pépites tournant en 45 tours. Ceux à qui il leur manquait une case et quelques pièces dans le tableau (je me mets dans cette catégorie avec leur tout premier single Godawful, le moins bon mais ce n'est pas une excuse). Ceux qui ont tout car cette compilation regorge d'inédits et ça, c'est plus qu'une cerise sur le gâteau, c'est la grosse poire pour la soif et elle est insatiable quand on remet les boutons du volume Big'N en position On. Cette dernière catégorie pourra cependant toujours se gausser et admirer leur collection puisque qu'un titre, Links or Patties, ne figure pas sur cette compile. A l'origine, on trouvait ce titre sur un single lui aussi compilatoire : Raisins and Vomit sur Ratfish records en 1993 et la terrible qualité de ce morceau rend surprenante sa non-participation à cette collection de raretés. Tout aurait été mieux que cet affreux Emperor Penguin remix de Chinese Jet Pilot en fin de compilation, seule faute (énorme) de goût.
Nous avons donc la totale (ou presque). Les tubes, Dirtfarmer, le monstrueux Tight One et sa rythmique de feu, Musket, Mite et son riff qui fout les boules, TNT, la reprise d'ACDC qui renvoie aussitôt à une autre et inédite, Dirty Deeds Done Dirt Cheap. Big'N, c'est l'AC/DC de la noise, le classicisme fait grâce. La science du riff qui accroche, la précision rythmique et le gros plus mettant Big'N en haut du panier des groupes noise-rock toutes époques confondues, la voix. Cette pilule de rage au fond de la gorge, ce raclement fait chant, cette aspérité agressive à laquelle vous vous accrochez et qui donne un grain, une profondeur inimitable. Un Untitled et un Hoss inédits plus tard, deux morceaux en versions demo (Old Negro Work Song et Final Song) et c'est la bave aux lèvres que vous attendez leur retour fin avril, le 28, 29 et 30 avril pour mettre Rennes, Paris et Lyon à feu et à sang.
I'm T.N.T.
I'm dynamite
But I'll win the fight
I'm a power load
Watch me explode

SKX (06/03/2011)