bearclawrock

sickroom
Bear Claw
Refuse this Gift - CD
Sickroom 2010

Bear Claw s'est toujours amusé des clichés. Le son typique de Chicago, le couple fatidique sur scène, en studio et à la ville Albini-Weston, enregistrement-mastering, le trio noise-rock bien rythmique basse-batterie-basse, autant d'étiquettes collées dans le dos qui vous feraient croire que Bear Claw est un cliché ambulant, un méchant groupe noise-rock qui latte tout sur son passage, un monstre technique et tellurique, froid et implacable. Ce n'est pas totalement faux de le penser.
Sauf que Bear Claw est un ours bien léché. Et plus ça va, pire c'est. Ou mieux c'est. Ca dépend de votre seuil de sensibilité. Troisième album en six ans et Bear Claw s'éloigne de plus en plus des clichés qu'on enfile tout seul. Parce qu'un groupe noise-rock de Chicago qui vous donne envie de chanter au milieu de votre salon n'est pas vraiment un groupe noise-rock lambda. Bear Claw a toujours eu la particularité d'être porté sur le chant. Ils viennent de franchir un nouveau palier. Notamment en ce qui concerne le chant clair et harmonieux qu'ils (au pluriel car ils sont deux sur les trois à pousser la chansonnette) couplent avec un phrasé plus incisif et viril mais jamais brutal ou d'égorgeurs sous la pleine lune. Ce chant, c'est devenu leur marque de fabrique, donnant une légèreté insoupçonnée à un groupe avec deux basses et sans guitare. Des morceaux aériens avec une assise rythmique certaine mais toujours mélodique. Ca va crisper plus d'un sphincter. Je ne dis pas que le mien, pourtant prévenu par leurs deux précédents albums présentant de forts signes avant-coureur, ne s'est pas légèrement contracté à la première écoute mais je les aime bien ces chants. C'est même devenu le principal intérêt, ce qui les distingue du lot. C'est fait avec les moyens du bord, qu'ils ont modestes, contrairement à leur capacité instrumentale mais on sent que c'est bossé. Les lignes vocales se croisent, s'encouragent, partent dans des envolées toujours limitées et maîtrisées, n'en font un poil trop, mettent un coup de tension quand il faut, presque parlé mais avec conviction. A ce petit jeu là, Tug Of War est mon préféré. Une perle ce morceau. Et comme niveau musique et rythmique, ils restent cette machine impeccablement lubrifiée, ne forçant jamais sur l'huile de coude pour vous casser les reins, ces dix nouveaux forment un album rutilant et bien moins banal qu'il pourrait le paraître.

SKX (28/01/2011)