Retour sur un disque sorti l'année dernière mais quand un disque est bon, il ne s'arrête pas de l'être avec la nouvelle année, alors pourquoi se priver. Et puis The Austerity Program n'est pas non plus du genre pressé. Ils avaient mis quatre ans à sortir leur premier album, suite à un EP Terra Nova très prometteur. Ils remettent trois années pour donner suite et accoucher d'un modeste quatre titres, Backsliders and Apostates Will Burn. A la grande joie de Hydrahead qui leur avait mis la pression pour sortir un album sans tarder, ce qui avait entraîné le commentaire sarcastique suivant du label :

And they fucking promised us like a triple LP or something. And then, three goddam years later, we get this. That's like, just over a song a year. You could probably learn to play them over a long afternoon.

The Austerity Program, magnifique duo new-yorkais de branleurs. Et perfectionnistes à mort. Il suffit de lire le journal de bord posté sur leur site pour se rendre compte de la perversité de ces gars là. Après avoir construit leur propre studio, sorti tout de même un single entre temps (Song 20 (The River)), ils élaborent chaque morceau dans le moindre détail, font tout de A à Z, prennent des jours pour choisir et placer correctement les micros, régler les amplis et triturer les boutons de leur magnifique console. Forcément, le triple album attendra mais ces quatre titres sont à la hauteur de leur cerveau de grand malade et Hydrahead devrait être heureux d'avoir encore un groupe valable dans leur écurie remplie de vieilles carnes (à deux, trois exceptions près dont Oxbow dont on attend avec imminence le nouvel album).
Quatre titres qui sonnent merveilleusement bien. Un son puissant, clair, claquant. On sent que les structures de chaque composition sont peaufinées pour amener l'auditeur vers la béatitude, l'extase sans effort, le velours pour ton gros cul tanné. Le mélange Big Black/Godflesh reste d'actualité mais deux paramètres suffisamment larges pour que Austerity Program trouve sa place. Guitare, basse, chant et la boite à rythme derrière qui ne fait pas de la figuration, morceaux montant continuellement en tension, adrénaline constante et mélodique toujours. Le chant se fait de plus en plus convaincant, sauf quand il essaye de grimper dans les aigues, les lignes de basse font miroiter des lendemains de victoire. Que quatre titres certes mais quatre putains de titres. Le groupe assure travailler sur un nouveau disque. On est prêt à attendre à nouveau un paquet d'années, pas de problème les gars, prenez votre temps pour les réglages.

SKX (20/04/2011)