Twin Stumps
s/t - LP
Dais 2009
Seedbed
- LP
Fan Death 2010

Séance d'auto-flagellation pour tous. Même pour les vieux croûtons endurcis au mal, l'écoute d'un groupe comme Twin Stumps relève de la punition après faute grave. New-York grouille véritablement d'une bonne dose de tordus. Et de violence. Le bassiste Mike Yaniro, entre les deux albums, s'est fait sauvagement agressé dans son quartier pour 10$ et un téléphone portable. Dans un pays où Obama ne fait pas encore tout, la générosité pour les sans assurances est encore de mise.
De là à dire qu'il a eu ce qu'il mérite, c'est un pas que je ne franchirais pas mais franchement, cette musique, c'est de la provocation. Un condensé de sado/masochisme, degré zéro de musicalité.



Sale histoire ayant débutée en 2009 par un album self-titled sur Dais records. C'est laid, c'est nauséabond, c'est pas loin de faire du bruit pour du bruit. Et alors ? Six titres dont l'acharnement thérapeutique à faire saigner les tympans doit autant à Rusted Shut qu'à Throbbing Gristle avec une pointe de Brainbombs, version Ferrailleurs & Fils, pour le coté hypnotique/répétitif de leurs mélopées. Toute une bande de dégénérés dont le mot mélodie est un gros mot, l'harmonie, une hérésie. Fatras de rythmes malsains, de guitares vrillantes, plaintes de malade, tout jeté en pâture, débrouille toi avec les morceaux crus. Mais dans l'attitude j'en ai rien à foutre et leurs sales manières, c'est à Mama Tick qu'ils me font le plus penser. Saccage et carnage, lourdeur latente, bourdonnement, ça dégouline de partout, ça joue comme des autistes et si on n'écoutera pas ça tous les jours, ça apporte son lot de contentement dans le trip disque de noise-rock givré.






Quelques gnons plus tard dans la tronche, Twin Stumps sort Seedbed sur Fan Death. Si ils ont mis un crâne en gros plan, c'est pour montrer que c'est bien là que ça va faire mal. Recto et verso. La photo du crâne dégarni du guitariste qui m'est tout de suite sympathique, gros plan sur leurs neurones agités ou la pleine torpeur, c'est selon. Il fait 30°, c'est l'été, ça bouillonne là-dedans, Twin Stumps attaque les limites au marteau-piqueur. Qu'est ce qu'il y a de changer par rapport au premier album ? Rien. C'est affligeant. Malsain un jour, malsain toujours. Sauf que la lourdeur a encore gagné du terrain, que le son est encore plus grave et puissant et avec des morceaux comme Landlord et sa rythmique digne d'un Swans (mais avant le retour), Twin Stumps mérite ces galons de groupe le plus lourdingue du moment. Mis à part Pigs At The Trough et quatre minutes exceptionnelles de quasi silence, les New-Yorkais continuent de jouer avec les nerfs, piétinent les plates bandes de Landed, s'obstinent dans la douleur, creusent leurs propres tombes en restant bloqués sur les mêmes notes, le même rythme, à faire larsener leurs instruments, à imiter l'avion qui décolle mais s'écrasant en bout de piste pendant que le chanteur/hurleur psalmodie par-dessus ou en-dessous sans se soucier du monde qui s'écroule autour de lui.
L'apothéose du bruit sans artifice car tout ce bordel est fait en configuration rock. Pas de samples, pas de bidouilles, pas d'électronique, juste l'électricité pour alimenter le classique guitare, basse, batterie et chant. Ca en devient saisissant, à faire vibrer les baffes, grésillements intégrés, surcouche de saleté. Le bruit de Twin Stumps est de moins en moins gratuit et de plus en plus convaincant. A ce rythme là, on va finir par les payer pour recevoir notre pâtée. Les dignes rejetons de la no-wave, ce sont peut-être bien eux. En plus extrême et nihiliste, comme si cela était possible. Maintenant, si vous n'écoutez pas ça en boucles, on ne vous en voudra pas non plus. Ou alors, on ne peut plus rien pour vous.

SKX (07/07/2010)