Sheik Anorak
Day 01 - CD
Autoproduction 2010

Sheik Anorak est l'un des multiples projets de Franck Gaffer qui, non content d'animer un label alignant nombre de sorties intéressantes, multiplie également le nombre de groupes dans lequel il joue : SoCRaTeS (en sommeil pour quelques temps), Lewis Karloff, Kandinsky, Hallux Valgus (on en reparle très bientôt !) et donc Sheik Anorak qui est un projet solo. Solo ? Mieux que ça : Sheik Anorak est un one man band avec guitare et batterie, mélodies bien troussées et progression des structures, le tout s'emboîtant ou plutôt s'empilant, s'intercalant et se complétant grâce à l'utilisation de boucles de guitare, en général deux ou trois, pas plus. Sheik Anorak a des goûts plutôt éclectiques et notre homme fait plus que le confirmer au fil de ses publications : on connaissait déjà […] du coup paru chez Maquillage Et Crustacés et très orienté bruits et gratouillages, on va bientôt pouvoir découvrir le CD + DVD du trio Mario Rechtern/Weasel Walter/Sheik Anorak enregistré en live et en attendant on écoute Day 01, publié en complète autoproduction, à la DIY.
Day 01 est le versant le plus pop ou plus exactement le plus évident et le plus construit de Sheik Anorak. Quand je dis pop, il n'y a rien de péjoratif là dedans et on pourrait rajouter le terme de noisy pour être un peu plus précis : des titres tels que Day 01, Fluorescent Tongues ou Ka E Det ? et sa guitare fantôme tendent carrément vers un pouvoir mélodique de haute volée tout en bénéficiant d'une mise en place parfaite. Songez que ces titres ont été enregistrés tels qu'ils sont joués en concert c'est-à-dire par un seul homme et en direct, juste avec deux mains et deux pieds, un vrai travail de précision, une mécanique d'horlogerie et en même temps une énergie jamais défaillante. Si les titres plus bidouillés et jouant plus sur les textures que sur les structures peuvent surprendre (And We're Gone et son final accéléré à la Sonic Youth, Seriously, No Arms, No Drums) ils sont aussi le pendant nécessaire à l'équilibre du disque tandis que Straight! (avec son rythme quasiment martial) et l'excellent …The Black Frequency (au rythme plus concassé mais lui aussi avec un final très Sonic Youth circa Sister) rajoutent une bonne dose de chaos et de fureur dans un disque beaucoup plus ouvert et varié que son mode opératoire n'aurait pu le laisser supposer au départ. Ce n'est pas parce que Sheik Anorak se limite (volontairement ?) à trois ou quatre sources sonores différentes qu'il s'enferme dans une direction précise et se cantonne à toujours répéter les mêmes formules. J'en connais même qui question inspiration, composition et mise en place feraient mieux d'en prendre de la graine. Les doigts dans le nez.

Haz (11/03/2010)