Pneu/Nervous Kid
Split 12''
Head/Wild Love/Electric Junk/Aïnu/Pied Bo/Lespourricords 2010

C'est l'histoire d'une cassette trouvant son support trop maigrichon et décide de passer à la carrure vinyle. Une histoire narrée de plus en plus, rien d'étonnant à ça… Une histoire de duos qui est, elle aussi, archie connue. Et ne semble pas près de s'arrêter. L'Italie contre la France, un grand classique, comme cette blague pourrie lorsqu'on a demandé à ces Bolognais t'habites à combien de Tours. En kilomètres, ça fait loin et en musique, beaucoup moins, même si le résultat est bien différent. Les deux groupes proposent une lecture de la transe, la version noise et explosée de l'intérieur. Le grand déballage avec la cervelle lobotomisée pour Nervous Kid et les tripes à l'air pour Pneu.

Les Italiens de Nervous Kid(s), après un single sur Gaffer records, reviennent avec deux titres (un seul à l'origine sur la cassette) et c'est justement le premier, Mystic Moustache, qui fait dans l'inédit. C'est l'histoire d'un morceau qui part très bien. Riff nerveux, rythme trépidant avant que tout ça ne se stabilise, que les trois notes tournent en boucle, comme le rythme, puis tournent en boucle, comme le rythme, puis tournent en boucle, comme le rythme, puis tournent en boucle, comme le rythme, puis… le disque ne serait pas rayé par hasard ?! Une pièce montée sans montée de plus de dix minutes, à l'image des symphonies de Glenn Le Branque/Branca. L'impression que rien ne bouge. Mais si on lève le bras du tourne-disque pour le redéposer aléatoirement quelques centimètres après, on sent bien que cela a évolué. C'est très léger certes mais bien réel. Je devrais trouver ça chiant comme la mort mais je crois que j'ai été hyp hyp hyp hyp hypnotisé. Shaver Laser embraye sur des bases identiques, c'est reparti pour un tour mais la boucle est heureusement courte (quoique l'impression demeure). Une guitare qui sonne comme un synthé azimuté des touches et un groupe qui évolue drôlement. Je ne sais pas ce qu'ils mettent dans les pâtes à Bologne mais j'en veux bien une part.

Pneu débarque gonflé à bloc. Trois nouveaux morceaux ou presque. Hallemagne avait déjà monté ces plus belles hallebardes sur le split avec Revok. Mais c'est pas grave, Pneu a de la ressource et Oiseau-Aigle, le titre d'ouverture, est tout simplement à tomber. La transe oui. Celle prônée par Lightning Bolt oui. Mais l'hystérie poussée dans les glissières, la sécurité bafouée et cette pression qui monte, qui monte, ne tourne pas (en) rond, une batterie et une guitare démentielles semblant ne pas pouvoir aller plus vite, plus haut, plus fort mais qui le font quand même. Magnifique. Hallemagne, on connaît donc mais le voyage est toujours aussi agréable. Et dense. Chaours a un nom tout mignon mais c'est le pire. Titre orgiaque, débauche à tous les étages, bien qu'une seule batterie et une guitare, soient à l'origine de cette déclaration de guerre. Le groupe a beau ralentir la cadence sur la fin, la menace reste grande. Pneu a renforcé son propos, l'enregistrement est encore plus débordant de scories fusionnelles. La voie royale.
Et pour que l'histoire s'achève bien, il faut un bel ornement. Pochette sérigraphiée, carton dépliable pour emballer le poisson et recyclé, disque tacheté tendance rouge-brun. Il fallait bien six labels (quatre français, un italien et un... canadien, cherchez l'erreur) pour sortir ce bel ouvrage.

SKX (12/05/2010)