Overmars/Starkweather
Split 12''
Alerta Antifascista 2010

Vous avez lu la date de parution de ce disque ? 2010 ? Et bien oui, il sort avec tellement de retard que les enregistrements qui figurent dessus semblent non pas dépassés mais bien appartenir au passé. Il aura donc fallu pas moins de deux années entre l'annonce de ce split et le fait de pouvoir enfin le croiser dans les bacs ou les mailorders. Alerta Antifascista qui avait déjà publié un split single d'Overmars avec Icos il y a plus de deux ans maintenant a finalement tenu parole - par contre Deathwish qui devait assurer la version CD s'est semble t-il rabattu uniquement sur le format digital. Tant pis : le vinyle c'est mieux. L'objet est absolument magnifique mais cela fait encore plus mal au cœur. Car on ne sait trop s'il s'agit là d'un dernier baroud d'honneur ou de pur gaspillage. Un regret supplémentaire concerne la pochette, pourtant très belle : un gatefold aurait rendu un bien plus bel hommage à l'artwork particulièrement réussi de monsieur Jean-Luc Navette. Là, il est comme coupé en deux.
Commençons par Starkweather. Entre temps le groupe a publié This Sheltering Night pour un résultat plus que mitigé (le disque devient vraiment excellent une fois que l'on en a extirpé tous les passages ambient concoctés par des musiciens invités et qui n'avaient vraiment rien à faire là) et ces deux " nouveaux " titres, Nightmare Factory tout comme Armed Memory, nous ramènent plutôt vers l'album Croatoan. Deux compositions tordues et d'une violence sourde, toujours dominées par la science du riff malade de Todd Forkin et le chant non moins psychotique de Rennie Resmini. Beaucoup moins de sophistication toutefois que sur This Sheltering Night, ici on ne trouve heureusement pas de soli de guitare coincés entre prog et dissonances et Starkweather y privilégie le torpillage explosif à la micro chirurgie dentaire. Certains préféreront ce Starkweather là, je les comprends et les soutiens parfaitement.
Sur l'autre face on trouve également deux titres d'Overmars. Depuis cet enregistrement le groupe a semble t-il explosé en plein vol, perdant quatre de ses membres sur sept et pas forcément des moindres. Aujourd'hui Overmars ne donne plus aucun signe de vie bien qu'il semblerait que le groupe existe toujours sous une nouvelle forme mais comme il communique très peu à ce sujet (à ce jour le dernier update de son site date de janvier 2010) on peut toujours en douter. Solitary - Following The Sperm Whale (Once Again) et surtout le magnifique Last Sail Sinking (tous les deux enregistrés en avril 2008 par Nicolas Dick) ne sont alors à prendre que comme deux témoignages venant d'un groupe qui n'existe plus sous cette forme précise, souvenir d'une époque révolue. Et c'est là que rien ne va plus. Ecouter ces deux titres c'est à nouveau sombrer instantanément sous l'emprise quasi maléfique d'Overmars, chavirer dans la noirceur de sa musique et apercevoir cette petite lumière qui vacille pourtant mais bien trop loin. Le gaspillage dont on parlait plus haut c'est celui-ci mais si le pouvoir de la musique semble parfois n'avoir aucune limite il faut néanmoins en reconnaître certaines aux relations humaines - tout le reste ne nous regarde absolument pas et on se contentera donc une dernière fois de Last Sail Sinking, de l'intervention lumineuse du chant féminin, de la tension palpable d'une composition meurtrière et de la force d'expression d'un groupe qui était à nul autre pareil.

Haz (05/12/2010)