No Mor Musik
Nevai/Maslak/Walter - CD
ugExplode 2010

Plus de musique. Par pitié. Que l'on coupe l'électricité. Qu'on me donne une île déserte. Eloignez moi de ce trio infernal. Weasel Walter, qui n'a jamais autant empilé les projets depuis la fin de ces Flying Luttenbachers. Nondor Nevai, cultissime fêlé notoire au sein de To Live and Shave in L.A., Hatewave, avec Mike Barr, etc… et dont la philosophie se résume par KillKillKillKill. Maslak, alias Kenny Millions, qui, à part ressembler à Kojak m'est totalement inconnu mais son CV est long comme un bras de lanceur de javelot et ces premiers soubresauts créatifs remontent à 1977. Autant dire la paléontologie.
No Mor Musik, c'est du brutal. Enregistré par un froid jour de janvier 2010, le magnéto en roue libre, captant l'humeur du moment, Nondor Nevai enlevant au final quatre heures, quatre douloureuses heures et mixant les lambeaux avec les clous, les éclairs avec les déchets nucléaires. Walter a opté pour la basse à six cordes et sans tête (si on en croit la photo au verso) et a laissé à Nevai, le soin des baguettes et le chant issu des profondeurs. Quand à Maslak, c'est guitare, saxophone et clarinette, sonnez hautbois, résonnez musettes mais surtout : soufflez très fort. Que les poumons restent sur le trottoir.
Le résultat de cette humeur malsaine, ce sont six titres décharnés, un massacre de toutes les conventions rythmiques, imposer la fracture, sans forme mais avec beaucoup d'angles et de parpaings dans la tronche. Et cette voix de psychopathe de Nevai, ce feulement diabolique, ce chuchotement pervers, ce grondement sourd, ce cri guttural dans la lointain, planant, s'intercalant dans une musique qui laisse de l'espace mais en impose largement. Car ils sont également très fort dans les répétitions, quand ils font mine de faire du surplace, joue sur une ambiance flippante sans chercher à tout détruire, nu et violent. Des passages extrêmement free peuvent dérouter mais de sacrées branlées rythmiques, des ruades dans les brancards font également le régal, notamment sur D.I.S.R.E.S.P.E.K.T., le plus concis et percutant des six morceaux (voir cinq, le dernier, Mor Death, se résumant à… quatre secondes de vie !). Comme si Zu s'invitait à ce bal de détraqués pour maintenir l'espoir à flot. Hormis l'accalmie du morceau Untitled placé au milieu de la tornade, cet album fait mal, de ce mal qu'on redemande. De leurs influences pléthoriques, du free-jazz le plus bétonné au bouillonnement punk, de l'esthétique trash au grand-guignol le plus délétère, seul compte l'intensité du feu. Et la flamme est plus d'une fois très belle. C'est rude mais c'est bon.

SKX (11/09/2010)