Loverman
Crucifiction/Dinosaur drop - 7''
Young and Lost Club 2008

Human Nurture - 2x12''
Young and Lost Club 2009


Loverman aime les pochettes qui choquent. Et les femmes dénudées. Passe encore pour celle du single et sa femme à poil en position christique. Par contre, pour la gougoutte à son agneau, la censure de Murdoch et ces sbires a frappé sur le site de convivialité rimant avec rigidité. Ceci dit, si toi aussi tu es un ami de la nature, tu n'es pas sans savoir que l'agneau, aussi petit soit-il, est vorace. Essaye un peu rien que pour voir de lui donner ton petit doigt et tu craindras pour le téton de cette jeune fille. Mais apparemment, elle aime ça. Samantha Sweeting est son nom. Elle en fait son art. Ou appelez ça comme vous voulez. Loverman aime également les paroles qui provoquent. Blasphémer, parler cul et de truc dans la bouche que tu n'aimes pas avaler, de sex offender ou de jouons à planter des clous (let's play crucifixion, you be the body and I'll be the cross). On vous laisse juger par vous-même de la pertinence insolente de ces propos.
Pour la musique, c'est la même chose. Loverman aime qu'on les entende, l'imposant et le clinquant. A leur chevet, Joe Barresi, qui n'est pas un joueur de foot, mais le producteur qui a travaillé avec Kyuss, les Melvins, Tool, Bad Religion et Atticus Ross dont le tableau de chasse comporte Nine Inch Nails, Korn, Jane's Addiction et j'arrête là sinon je vais vomir. Bref, cette affaire là ne sent pas le 2-pistes au fond de la cave avec un micro d'ambiance. C'est du lourd et ce n'est bizarrement pas rédhibitoire. Gros son mais sans l'arrière goût d'OGM. Evité de justesse tout de même. Sauvé in extremis par une musique qui aime la puissance mais aussi la noirceur et un rock qui n'aime pas que le gros qui tâche.
Sur leur premier single en 2008, Crucifiction, le titre de la face A, est beau comme un camion volé ou le tuning sur une bagnole. Ca attire l'œil mais faut pas regarder de trop près et trop longtemps. Un bon gros riff bien épais avec un son qui pourrait presque pencher vers Part Chimp, le morceau facile et efficace, attirant comme une prostituée roumaine qui hélas ressemble un peu trop à Billy Idol quand on la regarde de près. Face B, il faut passer en 33 tours, sous peine d'écouter à toute vitesse les paroles I've seen the light, répétées en boucle sur Dinosaur Drop et prendre toute la mesure de Loverman raclant pendant cinq minutes les fonds de casseroles. Le tuning s'est transformé en vieille retape cabossée. Couinement à chaque virage, allure chaotique, saleté sur la moquette du plancher et cuir usé. Deux guitares, une batterie, tendance 400 Blows sous champis. Leur heavy/rock/grunge devient positivement lourdingue et humain.




Changement de personnel pour le disque suivant. Le trio passe à quatre, en vire un et recrute deux. Dans Loverman, il ya Nick Cave et même si leur patronyme ne vient pas de là, c'est un raccourci pratique pour mettre du Birthday Party dans le décor. Et un gros poil de Eighties Matchbox B-Line Disaster, autre groupe anglais qui aimait (aime?) jouer aux branleurs de service. Ca et le fait que Dieu est souvent cité et que le chanteur aime se prendre pour l'Antéchrist / le taré de service. On y croit où on y croit pas mais Crypt Tonight n'attend personne. Avec sa grosse rythmique martelante, ça se boit comme du petit lait. Dans la continuité d'un larsen traînant, Gasp enchaîne. Les Londoniens montrent qu'ils ont de l'éducation et autre chose que des gros bras. Loverman met un peu de finesse et ne cherche pas sans cesse l'affrontement direct. Ce n'est que meilleur. On tourne la face mais pas les talons. Shoot the pig a des faux airs d'un vieux Stooges, j'ai même cru à une reprise, un slow tendu que ne renierait pas notre Iggy international du haut de ces soixante deux balais musclés. Barbs enfonce le clou de l'idée que ces quatre Anglais ne sont pas qu'un gang de motards hirsutes et bornés. Morceau stellaire et reposant, porté par l'organe sépulcral de Bruce, avant de repartir à fond sur les routes avec Miracle qui n'en provoque aucun, étant le morceau le moins bandant du lot malgré les gémissements du toujours extraverti chanteur.


Je crains pour le futur de Loverman, que ce groupe ne tourne en eau de boudin et monstre de foire mais Human Nurture suscite en attendant l'attirance autant que la méfiance.
Par contre, il faudra expliquer pourquoi ce Human Nurture est sorti en version double 12''. Une version picture-disc et une autre en vinyl classiquement noir avec exactement les mêmes titres sur les deux disques.
C'est que Loverman ne regarde pas à la dépense et aime en foutre plein la vue. Pour le meilleur et pour le pire.

SKX (12/01/2010)