Jubilé/Ntwin
On-mo-no/Old Man - Split Lp
Boom Boom Rikordz/Katatak 2009

Ce sont deux groupes inconnus qui font chauffer la platine aujourd'hui. Deux groupes qui n'en sont pas à leurs débuts discographiques mais même l'énoncée de leurs patronymes n'évoque pas la moindre once d'un début de souvenir. Un secret bien gardé et le plaisir de constater qu'en France émergent toujours des groupes perpétuant un certain état d'esprit noise-rock. D'un coté le duo Stéphanois de Jubilé qui fait penser à un autre duo de Marseille, Binaire, de part leur énergie juvénile et l'attitude punk qui va avec, Binaire qui sont à l'origine de St Etienne. Et de l'autre coté, le trio marseillais Ntwin qui fait penser à un rock-noise un poil plus au nord que St Etienne, l'ennemi de toujours, Lyon, et sa musique plus cérébrale et froide. Les origines se croisent, les influences se perpétuent, on s'y perd, on s'y retrouve mais la logique est implacable. C'est la french touch du noise !
Avec Jubilé, ce sont six titres qui vont droit au but (Marseille en est vert de jalousie), à grands coups de notes bloquées en mode répétitif pour bien vous peler les nerfs, le summum étant atteint avec Nein Nein !, le dernier des neufs titres. Les huit d'avant n'auront pas perdu de temps, écorcher les oreilles avec le minimum syndical d'idées mais exploitées au maximum. Le potentiel des laborieux au profit de la masse sonore taillée au plus vif, cacher la misère par un surplus de férocité et une bonne couche de frénésie à l'instar de Pneu, pour rouler sans encombre sur le bitume d'une noise décomplexée prête à fêter son Jubilé.
Tourne le vinyl et augmente le volume. Problème de potard à Marseille. Une fois le volume adéquat trouvé, les trois Ntwin (qui ne sont pas des jumeaux) se mettent au niveau de St Etienne. On peut même avancer qu'au niveau compos, c'est la barre au-dessus. Les idées ne fusent pas à la minute, ça n'a rien de complexe, les deux premiers titres (Mille Grammes et Clic clic) sont fait dans le même moule, troublant, mais dans la gestion des efforts, Ntwin soupèse et marque les contrastes, particulièrement entre la voix, sorte d'hurlement restant au fond de la gorge, jamais loin de la folie et la musique, plus retenue, épurée. Au contraire de Jubilé, c'est joué dans une fausse lenteur, une tension sous-jacente, une froide rage, quelquechose de mélancolique et rêche à la fois, répétitive aussi, renvoyant aux années 90 et Lowercase. Pas sûr que ce soit fait exprès.
La spontanéité de Jubilé qui vous saute de suite à la gorge contre le noise-rock de Ntwin qui s'insinue lentement dans les veines. Un choix parfait qui vous fait passer d'une face à l'autre sans problème (ne pas oublier de rebaisser le volume quand vous repassez à Jubilé) et ouvrir cette magnifique pochette sérigraphiée par Le Dernier Cri et les dessins lunaires de P. Guy.

SKX (02/05/2010)