The Ex
Maybe I Was The Pilot/Our Leaky Homes - 7''
Ex records 2010

The Ex n'avait pas sorti de single depuis 1991. Eux, qui n'ont pas arrêté d'en sortir au début de leur carrière, qui avaient pris soin de tout compiler sur un CD en 2005 les multiples titres éparpillés sur ces formats introuvables, sauf à prix d'or (un comble pour un groupe qui à l'époque les aurait presque donnés si ils avaient pu). Eux, qui s'étaient lancés le challenge de sortir six singles (dont un double), dans cette année 91, pour leur fameuse série The Ex-6 et qui verra en fait le sixième exemplaire sortir en maxi 12'', en 1992, à bout de souffle. Comme si cet effort les avait dégoûté à tout jamais de ce format. Une hérésie désormais réparée.
Un single comme pour marquer un nouveau départ. Un énième renouvellement au sein d'un groupe doué pour assimiler les corps étrangers et en faire un parfait Exien. Le départ est pourtant cette fois-ci conséquent. G.W. Sok, chanteur du groupe et principal parolier, membre fondateur avec Terrie Hessels, désormais seul dinosaure, depuis 1979, lorsqu'ils en étaient encore à taguer les murs d'Amsterdam avec le logo The Ex, six mois avant leur tout premier concert.
Le petit nouveau se nomme Arnold de Boer et s'agitait déjà depuis de nombreuses années avec son groupe Zea (et qui continue de le faire d'ailleurs). Jamais aisé de débouler après un type comme G.W. Sok qui paraissait indéboulonnable et qui a marqué l'histoire du groupe mais il s'en sort avec les honneurs. Il a pour lui cette façon de scander les paroles de façon assez similaire même si il y met moins de passion et de rage. Pour le coup, The Ex a décidé de tout faire par lui-même. De la composition à l'enregistrement, le mixage, la masterisation, tout du sol au plafond. Je n'ai pas été vérifié mais ça doit être une première dans l'histoire du groupe. Comme une manière de se resserrer les coudes, le besoin de se retrouver et de créer un groupe, une nouvelle cohésion, en autarcie, pour mieux rebondir. Les mauvaises langues diront que ce tour de chauffe n'apporte rien de nouveau. Les membres, les invités passent, repartent et The Ex reste toujours The Ex. Mais c'est là, la grande force du groupe. Savoir durer sans changer foncièrement. Garder l'intensité et la petite flamme du début sans éclaircir de nouveaux territoires. Ecrire des chansons qui restent toujours magnifiquement debout, même après 30 ans d'activités, tout en apportant à chaque disque, la nuance nécessaire pour avancer.
Le riff principal de Maybe I was the pilot est inspiré/emprunté d'une chanson de leur fameuse filière éthiopienne et adapté à la sauce The Ex. C'est-à-dire filtré par les rythmes uniques et les cloches de Katherina Bornefeld et ces guitares aussi poignantes que cisaillantes. L'avantage du nouveau chanteur, c'est que ces deux mains ne servent pas uniquement à tenir le micro. Elles tiennent aussi une guitare et une troisième guitare dans The Ex, c'est encore plus de bordel et de bonheur. En plus, elles servent aussi à jouer du klaxon. La nouvelle recrue est idéale comme le morceau est excellent.
Our Leaky Homes n'est pas inspiré par l'Ethiopie. Ils ont juste piqué le titre à un bouquin (le nom d'un chapitre exactement) d'un journaliste anglais (George Monbiot) qui écrie des choses très intelligentes comme Heat (How to stop the planet from burning). Un titre très entraînant comme l'air est entêtant, où Andy Moor joue de la guitare baryton pour faire croire qu'ils ont toujours un bassiste. Ce titre et ce nouveau single ne vous laissent pas en état de choc mais un nouveau single de The Ex sera toujours mieux que n'importe quelle merde sortant des mains de petits jeunes arrivistes. Vivement la suite.

SKX (01/03/2010)