Dry-Rot
Philistine - LP
Parts Unknown 2009

Je viens d'écouter une pelleté de fois ce disque et je ne sais toujours pas quel est ce truc que je viens d'entendre. Si on va parler de Ventura, ce n'est pas pour la comparaison avec les Suisses mais pour le bled en Californie d'où sont originaires les deux frangins (Jordan et Drew) de Dry-Rot.
Dans leur entreprise personnelle, de multiples amis sont passés, dont le batteur de Saccharine Trust mais ça ne nous avance pas plus. Sauf si vous connaissez Saccharine Trust, ce vieux groupe de chez SST dans les années 80. Vous êtes donc mis sur la piste d'un hardcore des plus bizarres, de ce genre d'hardcore ou de punk, c'est pareil, où, à l'orée des années 80, tout était permis et où il était même fortement conseillé d'être différent du groupe voisin, de cette époque très créative où le hardcore n'était pas synonyme de mouton de Panurge, de tatouage et de savoir qui avait la plus grosse. Big Boys, Minutemen, Butthole Surfers, Flipper, tout un tas de groupes qui ont ouvert béant des tas de routes et Dry-Rot a sauté sur les bons rails.
Leur mixture propose quatorze titres, tous très courts allant d'un hardcore ultra basique, rudimentaire, crasseux à des éléments jazzy, tordus, au point d'évoquer Plainfield sur Mass Love. Autant dire qu'on est pas dans la merde. Mais ça ne s'arrête pas là. Car Dry-Rot manie à fond le second degré, reprend à son compte une bluette sur Can A Game Kill Time ? (dont l'air est tellement connu qu'il m'est impossible de remettre la main dessus), remet un peu de hardcore pour le fun, s'autorise à faire du bruit gratuit uniquement parce que ça défoule, bricole des morceaux de punks au soli de guitares dangereusement bancals et amusants et diffuse en vingt minutes, un sentiment de chaos largement revigorant tout en essayant de créer leur propre son. On oubliera donc que Dieu est remercié dans les magnifiques insert/poster à l'intérieur, que le baptême par immersion sur la pochette n'est pas, pour le coup, du second degré et que ce groupe apparaîtrait de toute façon comme de drôles de paroissiens pour les croyants. Philistine, un étrange disque pour ceux qui ne croyaient plus au hardcore.

SKX (08/07/2010)