Cursed
The Last Session - 7''
High Anxiety records 2010

Comment plomber un bon groupe en moins de dix leçons. Prenez quatre gugusses chevelus au passé hardcore déjà chargé, appelez leur groupe CURSED - maudit en français - et faites-leur jouer une musique violente, rapide et lourde. Saupoudrez d'un karma de losers do it yourself et au bout de trois albums tous plus bourrins les uns que les autres entassez-les dans un van beaucoup trop petit pour une énième tournée - qui sera donc la dernière - cette fois ci au travers de la vieille Europe. Entre les pieds qui puent du batteur et l'haleine de chacal de bassiste, entre les sièges transformés en cendriers géants et les jets de cannettes de bières, tout est paré pour une bonne tranche de rigolade entre vieux potes qui en ont vu bien d'autres, on n'est pas là pour se faire engueuler et on verra bien ce qui va se passer. Ce qui va se passer, l'histoire est bien connue, c'est que le groupe va se faire voler toute la thune de cette tournée (8000 euros quand même) ainsi que les passeports des membres du groupe dans un squat à Mulheim (Allemagne) le soir du dernier concert. Trop c'est trop, outre le fait que Cursed a eu tout le mal du monde à renter au bercail, ce triste fait divers a eu pour principale conséquence d'entraîner la fin du groupe. Anger, grief, frustration, suspicion, paranoia, futility comme ils l'ont eux-mêmes écrit dans un message posté le 1er juin 2008 sur leur site.
Quelques jours auparavant, Cursed était passé par les studios de Radio One à la BBC pour enregistrer une courte session de cinq titres joués pieds au plancher et la bave aux lèvres. S'il était possible de faire encore plus primaire et rude que leurs albums - notamment le troisième et petit dernier Architect Of Trouble Dreams - Cursed y est parvenu, avec une rage et une violence qui ne font que davantage regretter le groupe. Le bien nommé The Last Session est une sorte de best of, chaque album étant représenté - Promised Land et Polygraph pour le premier, Reparation pour le deuxième et Antihero Resuscitator ainsi que Into The Hive pour le troisième - et à l'écoute de ces cinq brûlots il est difficile de ne pas penser que le groupe allait forcément se scratcher un jour ou l'autre : trop de haine au ventre, aucun répit, aucun apitoiement et donc pas beaucoup d'air pur ni de tranquillité d'esprit. Bien sûr cela peut sembler facile d'affirmer une chose pareille après les faits… alors on dira beaucoup plus simplement que ces types jouaient à chaque fois comme si c'était la dernière. Fatalement.

Haz (14/02/2010)