Black Congress
Davidians/London's Burning - 7''
Team Science 2010

Joli 45 tours avec un grand trou au milieu, à l'ancienne, ce qui nécessite de ne pas avoir perdu le centreur de sa platine vinyle. Ca ne risque pas d'arriver à la maison. Jamais autant acheté de singles ces derniers temps. Notez bien qu'on a rien contre le progrès. Il n'a fallu que quelques clics pour se procurer ce bout de vinyle, là où il fallait une bonne dose de volonté 15 ans plus tôt. Allez échanger des francs contre des dollars sonnants et trébuchants à la banque de France dont les horaires d'ouverture était une insulte au travail. Calfeutrez le cash dans une enveloppe bricolée, faire la queue à la poste, croiser les doigts pour que l'honnêteté existe encore dans ce bas monde, attendre patiemment pour que le colis traverse les océans (ça, ça n'a pas trop changé), déballer fébrilement un paquet contenant des disques achetés sur la seule foi de fanzines qui tâchent les doigts et qui ont fait que de misérables disques ont finit par s'entasser au fond d'étagères poussiéreuses après une seule écoute pleine de dépit. L'impression d'être le dernier des mohicans à acheter ces objets, surtout quand on voit le nombre d'exemplaires tirés ; 250 exemplaires pour celui-ci, complètement ridicule quand on y pense bien. Mais le plaisir de sortir le disque de sa pochette et poser le vinyle sur la platine est toujours là. Ça vaut tous les clics du monde.
Cette séquence nostalgie/vieux con n'est pas uniquement dû à l'objet. C'est la faute aussi à la musique de Black Congress. Et à la société, il va de soi. Ce groupe de Houston fait du noise-rock à l'ancienne. Terme qui n'a rien de péjoratif puisque faire du neuf avec du vieux, la musique n'a toujours su faire que ça. Mais entre ce single déboulé de nul part et cette noise viscérale, difficile de ne pas penser à cette époque, le début des années 90, où les singles de Blunderbuss, Slug, Germbox nous marquaient à vie. Et comme on est au Texas, difficile de ne pas penser également aux Cherubs et Johnboy. Un noise-rock épais avec deux guitares, une rythmique qui fait mal, un chant écorché, de la violence tour à tour rampante et explosive. Deux titres phénoménaux.
Sur le site du groupe, vous aurez le droit d'écouter ces deux morceaux dans leur intégralité plus deux autres, tout aussi excellents, Defeated et Slums Of Heaven. Même en format électronique, le bonheur est total. Un comble.

SKX (21/06/2010)