The Stabs
Dead Wood - CD
Spooky 2009

Quatre ans qu'on use Dirt jusqu'à la corde. Il était temps de lui trouver un remplaçant. Après la saleté, le bois mort. Tout va bien, on reste entre gens sains. Brendan Noonan, le guitariste-chanteur a laissé tomber les larsens mais le trio australien n'en reste pas moins ardent. Rien de plus vivant qu'un bois mort. Un tas de vie grouillante s'y développe, crépite et digère les restes que l'on nomme ici le blues. C'est pourri de tristesse et de noirceur, une sourde rage suintant dans chaque interstice.
Si The Stabs ne fait que continuer le sombre chemin entamé avec Dirt, il frappe encore plus juste, dans un ordre moins dispersé, notamment grâce à un enregistrement donnant de la force à chaque instrument. Le batteur a le maillet lourd, ne s'embarrasse pas de roulements infernaux et de complications inutiles, imposant une cadence de galérien. La guitare explose, branche principale de ce bois tortueux, se répand, s'entortille et vous embarque quand la basse est caverneuse et contraste judicieusement avec l'éclat de la guitare. On retrouve le titre Split Lips, sorti quelques mois auparavant sur Stained Circles (avec une face B inédite), le martial The Hated one chanté par le batteur qui termine son tour de chant hargneux par un truc ressemblant à Kill That Girl, deux autres morceaux par le bassiste, le bien nommé Yellow Blues, certainement la plus calme des compos mais pas la moins émouvante et Cabin Fever (un hommage déguisé à Certain General ?), une ballade dangereuse commençant au piano puis montant crescendo avec une guitare siffleuse et des bruits de verres un peu partout. No Hoper est le titre le plus virulent. Noonan a repris sa place principale, derrière le micro, et ce dernier a intérêt à être solide quand il hurle No Hoper dans sa membrane. Sur le poignant Funeral Waltz, le piano revient habillé le supplice pendant que la guitare continue de planter ces échardes. C'est ce qui est le plus marquant dans la musique de The Stabs. Cette capacité à la violence, à la rendre belle, la sublimer. Et puis foutre le bordel, tout lacérer, assombrir quand trop de lumière vient frapper à la porte. Mais avec élégance. Toujours. The Stabs a sûrement à voir avec toute cette longue tradition de rock australien, un pied chez les Saints, Scientists et Birthday Party. Mais l'autre pied est dans la musique noise, extrême, là où la tradition en prend un coup et le mélange, à l'instar de leurs potes de Witch Hats, donne un rock fait de douleur vive et de fureur.
Quatre ans, c'est long mais l'attente valait largement la peine en espérant les voir bientôt sur une scène où leur réputation est déjà grande.

SKX (25/10/2009)