Tape That/Moha!
Split - 10''
Gaffer 2009

Voilà donc le quatrième volume de la série des vinyles 10' initiée par Gaffer records… attendez un peu : le premier regroupait Kandinsky et Gentle Veincut, le second Les Aus/Lydia Lunch et Sheik Anorak/Weasel Walter et le troisième, oui, quoi, le troisième ? Celui-ci dont la parution était annoncé pour le mois de février est repoussé à une date indéfinie suite à des problèmes techniques -après avoir revu ses tarifs à la hausse le presseur n'est même pas capable d'assurer correctement son boulot, salaud d'entrepreneur privé- donc il va falloir attendre pour ce troisième volet regroupant Offonoff et Jazkamer.
Mais fort heureusement le n° 4 est lui bel et bien là. Va comprendre. D'un côté Tape That et de l'autre Moha!. Par curiosité on commence par le groupe dont on ne sait rien. Tape That donc avec une myriade de titres (18 au total). Et c'est la grosse surprise : ce crétin de presseur a encore fait des siennes en inversant les ronds centraux de la galette. C'est donc Moha! que l'on écoute avec un seul et unique titre poussant très loin le paroxysme de la cassure et de l'attente. Après une intro qui réveille les morts sans oublier de passer les vivants au lance-flammes, le génial duo norvégien enchaîne des plans tous plus fous les uns que les autres, toujours avec ce parfait équilibre entre sonorités robotiques et fracas industriel qui donne la saveur particulière au free noise du groupe. A mi parcours Moha! insert des ruptures, des silences dont la longueur varie. Le déluge qui suit de tels silences varie également en intensité et en durée ce qui fait que l'auditeur ne sait plus à quoi s'en tenir : le titre est il fini ? Non, voilà que ça repart aussi sec. Etc. Ce plan, que le groupe maîtrise parfaitement en concert, est royalement éprouvant et complètement passionnant. Les deux Moha! s'amusent comme des malades avec nos nerfs et on aime ça plus que de raison.
Retournons donc le disque pour enfin découvrir Tape That, autre duo mais à la démarche autrement différente. J'ai beau aimer la branlette sonique et le laptop masturbatoire, les bruitages dadaïstes de Tape That me laissent complètement froid, je ne vois pas l'intérêt de coucher sur un support audio (en l'occurrence une cassette, vous l'aurez bien compris) des petits bruits comme un glaçon qui craque dans de l'eau ou je ne sais quoi. C'est très loin d'être aussi drôle que les guignoleries d'antan de Stock, Hausen & Walkman et surtout cela manque d'originalité. Dans le meilleur des cas on a l'impression d'écouter du Hafler Trio paresseux (si ça existe) mixé à du Negativeland. Mais cette déception ne doit pas entacher le fait que sur ce 10' on trouve l'un des meilleurs titres que Moha! ait jamais enregistré, raison largement suffisante pour jeter son dévolu sur ce disque.

Haz (08/05/2009)