The Holy Kiss
Under noon at night - LP+CD
Hungry Eye 2009

Holy Kiss tire sa révérence. Neuf années à traîner sa misère depuis la baie de San Francisco, à flirter avec les fantômes de Nick Cave et Rowland S. Howard et autres joyeusetés des années 80. Le groupe a d'ailleurs participé 2008 à un disque tribute à The Cure, Perfect as Cats (Manimal Vinyl records) en reprenant 100 years de l'album Pornography, pas disponible sur la version goudronnée mais uniquement sur leur myspace.
Fin de la romance. En guise d'adieu, un deuxième et ultime album d'un chat de gouttière déclamant son blues à la lueur de la lune. L'image ne pouvait pas être mieux trouvée. L'étiquette du blues urbain leur va comme un gant. Matty Rue Morgue le bien nommé a laissé tomber sa guitare slide pour se concentrer uniquement sur le chant. Le groupe gagne en percutant et en diversité. On reste bien sûr dans les paysages délabrés et plein de failles de Birthday Party avec les morceaux Under Noon of Night, Sick n Tired et Old Scratch in Blackface et ce brin de passion et de renoncement à la Crime and the City Solution. Mais Rue Morgue, auteur de toutes les compos, ne s'arrêtent plus là. Il traîne dans l'atmosphère de The Holy Kiss des bribes de rock du delta, d'un vieux classicisme résiduel (I Stayed up all Night Long), n'hésitant plus à donner dans la ballade doucereuse et luxuriante, avec piano et Black Heart Procession en bandoulière (The Strangest of Things) pour accompagner la bande-son d'un film romantico-désuet. Ca passe ou ça casse, tout dépend de la dureté de ton p'tit cœur. Idem avec Black Diamonds que notre Nick Cave international ne renierait pas dans ces moments de crooner invétéré. Mais la pièce centrale, le Golgotha de ce disque où nous sommes censés avoir l'illumination, ce sont les onze minutes placées en plein milieu de l'album. Papa Sam/See-line Woman, une étrange mixture avec des paroles inspirées par le serial killer new-yorkais David Berkowitz et une lettre - Son of Sam letter - qu'il laissa à un coin de rue à la police de NY et See-line Woman, une reprise de Nina Simone. La rencontre des deux offre un long trip montant progressivement vers des forces vaudous et forcément jazzy sur les bords. Une incantation/jam finissant par se diluer dans ses propres répétitions mais vaut le coup d'oreille tout de même. Comme cet album qui n'est finalement pas leur ultime disque. Un EP The Gunslinger vient de sortir avec quatre titres prévus initialement pour cet album. Format CDr, 50 exemplaires. Pour les mordus. Ça tombe bien, j'en suis.

SKX (22/12/2009)