Five Dollar Priest
s/t - LP
Bang ! 2008

Il a suffit d'un article sur Bewitched pour retrouver la trace de Bob Bert. Une écoute rapide mettait ce nouveau projet dans la case des groupes à écouter ultérieurement. Plusieurs écoutes le classent dans les albums les plus intéressants de l'année. Bob Bert est de retour et il est en grande forme. Il n'a jamais franchement quitté le circuit mais là, c'est une seconde jeunesse. Surtout qu'il est très bien entouré. Five Dollar Priest a tout du super-groupe, étiquette dont l'addition des membres célèbres a rarement fourni des premiers prix. A la voix, Ron Ward, ex-Speedball Baby (la tronche du type sur la pochette), Norman Westberg (Swans, etc…), George Porfiris (Heroin Sheiks), un certain Patrick Holmes à la clarinette (désolé, ton blaire ne me dit rien !) et comme si ça suffisait pas, une ribambelle d'invités à faire pâlir un carton. Monsieur et Madame Spencer (Jon et sa femme Christina Martinez bien que cette dernière soit simplement mentionnée dans les remerciements et que c'est une certaine Christina Campanella qui soit créditée des backing vocals….), le vieux de la vieille de la no-wave James Chance et son saxo toujours brûlant, plus quelques autres mais la liste est déjà pas mal.
Les vieux requins sont branchés sur du volt de première bourre et la déclinaison fiévreuse d'un énième blues perverti peut commencer. Ca claque tout de suite et ça rock comme un Jon Spencer Blues Explosion. D'ailleurs, on se demande à plusieurs reprises si c'est bien Ron Ward qui chante ou Spencer lui-même tant la façon de déclamer ses vers est proche. Mais Spencer ne s'est déplacé que pour faire le mariole avec son thérémine et ses ondes fameuses quand elles sont utilisées entre deux pôles dont la grosseur n'entre pas en compte... Mais comme le groupe n'a pas semblé bon de détailler les informations, il est difficile de deviner à quel moment les invités interviennent, qui fait quoi sur quel morceau. Bob Bert retrouve son groove imparable pendant que le clarinettiste apporte une touche de frivolité, un léger accent jazzy très plaisant, s'intégrant parfaitement dans le paysage sonore typiquement new-yorkais. Pas étonnant que James Chance ait été séduit, parce qu'en matière de funk malsain, Five Dollar Priest apporte sa pierre à l'édifice. C'est à ce seul titre qu'on peut oser rattacher cette musique au mouvement no-wave parce que pour le reste, c'est du rock'n'roll aussi carnavalesque que poignant, aimant autant les ballades désenchantées pour homme perdu dans la Pampa que de franches ruades dans les tabourets de bars. This town is full of piss and broken hearts. Le summum de cet album est Bobby Chen. Une rythmique sous tension, un rien tribale, une belle ligne de basse, une clarinette sinueuse, le tout explosant à intervalles réguliers. Un disque chaud et bouillonnant, jamais loin du désordre et suintant la fumée et la gueule de bois qu'un Nick Cave n'a plus depuis un bon moment. Ca sent même parfois la jam, propice à quelques chutes de tension mais l'ensemble se tient merveilleusement, comme un pilier de bar s'enfilant des wagons de pintes et assurant le tangage et le roulis comme un pro. En plus, ça vient dans une très belle pochette gatefold et un vinyl de 180 grs solide comme un rock, une raison supplémentaire pour se l'enfiler cul sec et à volonté.

SKX (14/01/2009)