The Cave Canem
Ssoiffé ? ou rrache ! - 2xCDs
XcRocs records 2009

L'objet n'est pas banal. Un format pas homologué par des Marseillais s'adonnant aux joies de l'origami. Deux mini-CDrs 8 centimètres glissés à l'intérieur et vous avez dans vos doigts boudinés un bel petit objet, la nouvelle lubie de Xcrocs records, label de Fred De Benedetti, guitariste de Kill The Thrill. Faire de l'inédit live ou studio sur des CDrs mini-formats, c'est le leitmotiv de cette structure. Déjà épinglé à son palmarès, Binaire, ErikM, Enema, etc… Sur la drôle de pochette de The Cave Canem, très beaux gros plans d'une guitare et d'un sax ténor. Ne manque plus que la boite à rythme et vous avez le tableau musical de ce nouveau projet où on retrouve De Benedetti pour les cordes et le chant et Julien Lemonnier pour le cuivre. Vous rajoutez dans le décor Nicolas Dick (Kill The Thrill toujours) pour l'enregistrement et tout est réuni pour que le dedans soit aussi alléchant que laisse le supposer les éléments extérieurs.
Un clébard qui aboie dans le lointain, voilà comment on vous accueille chez les Cave Canem. Prends garde au chien, tu vas en perdre ton latin car ça mord là-dedans. Belle et saine rage d'une énergie punk et primaire, d'un chant vindicatif à l'accent marseillanglais à couper au couteau contrebalancé par un sax ample, remplissant judicieusement les espaces et apportant de la chaleur à un rock sec et acharné. Des samples de bouts de films inconnus pour faire le liant, l'intro et la conclusion, la contribution de Marilyn Tognolli (Kill The Thrill encore et toujours, une vraie histoire de famille) pour les paroles de Fast Car (non je n'y vois pas d'hommage personnel) et c'est une pensée pour un Sweep The Leg Johnny en mode marche ou crève qui nous vient à l'esprit. Boite à rythme programmée en mode avance rapide, un grain de guitare qui rappelle de temps à autre le son si particulier et unique de Kill The Thrill, cuivre se dédoublant, riffs incisifs, sens du rythme fracassé, cordes vocales à plein poumons (et le maudit accent enterré avec), The Cave Canem a choisi l'attaque frontale, se faire confronter une humeur punk avec une approche expérimentale. Point de carcan musical ici mais libérer ces pulsions sans obéir à une règle quelconque. La philosophie de ces excellents huit titres au minimalisme enragé (quatre sur la face Ssoifé ?, quatre sur Rrache !) de Cave Canem se résume par la phrase finissant le morceau au titre incongru de Tonton Dédé : plus le temps avance moins vite, moins la fin semble plus proche. Sales punks va.

SKX (02/11/2009)