Blacktail
Styrofoam Island - CD
Traktor 7 2003

Blacktail est un groupe qui en a rien à foutre. Pas besoin de savoir lire entre les lignes, leur message est clair. No mission, or vision. No long-term goals. No big plans. Un groupe de potes, une excuse pour picoler des bières le week-end. Faire un maximum de dommages pour les oreilles mais le faire avant tout pour soi. Pour cette raison que cet album sorti en 2003 est passé complètement inaperçu. Réalisé confidentiellement par un label qui suit la même philosophie, quoique Traktor 7 pousse un peu plus loin. Trading and sharing is an essential part of the enjoyment of music (vous pouvez lire le détail de cette pensée en suivant ce lien). Tu aimes, tant mieux. Tu n'aimes pas, pas de problèmes. Mais dans les deux cas, ça changera rien pour nous. Quatre mecs attentionnés ayant déjà une expérience aggravante dans pléthore de groupes dont les plus connus restent Anodyne, Cast Iron Hike, La Gritona et qui laissent avec Blacktail, l'amour du bruit et de ses affres prendre le dessus. Le genre à descendre de sa montagne, le grondement charriant saturations et cymbales en rafales, larsens et rythmiques bourrées d'acier avec toujours et pour notre plus grand plaisir, une bonne couche noisy. Un bruit qu'ils découpent en plusieurs plaques. Des fines et aiguisées, percutantes et trépidantes avec voix saturée et rythmique de folie, lourde et rapide, comme si Keelhaul et Glazed Baby se disputaient pour savoir qui était capable de faire le plus de bruit. Des morceaux comme Shitidiot et Blame the bosses sont ainsi chaud bouillant. Ou That tears it, des trucs qui puent la haine et la colère, le genre de considération qui n'auraient pas effrayé un Kiss It Goodbye ou un Botch en version nihiliste total. Comme vous voyez, que du bon chez Blacktail. Mais Blacktail, ce sont aussi des instrumentaux, des rythmes qui tournent avec des déflagrations traversant la tôle de toute part (Five Minutes Of Quality Time With Jesus ou encore le titre à rallonge dont je ne vous donnerais que les premiers mots It Has Come To My Attention qui rappellerait presque un morceau de Slug…). Comme Blacktail n'a qu'une idée en tête, le genre de types cabochards et accrocheurs, ce sont également des plaques bien épaisses, de bonnes tranches de rigolades où le bruit s'enfonce dans des transes noise pas loin d'être psychédélique si seulement ce genre de délire bien compact ne faisait pas fuir tout un troupeau de chamanes endurcis (le monstrueux Big Boned). Blacktail n'ont pas seulement été élevé à l'école noise-rock la plus virulente, ce sont aussi des faiseurs de bruit pur et dur, aimant se répandre dans la fange des décibels et ces seize titres montrent toute l'étendue de leur savoir et maîtrise. Laisser pourrir cet album dans son coin aurait été un sacrilège. Si eux n'en on rien à foutre, c'est loin d'être notre cas !

SKX (25/01/2009)