Jackie-O Motherfucker
Valley Of Fire - LP
Textile records 2007

Jackie-O Motherfucker est un groupe parfois détestable et énervant mais capable de fort bonnes choses. Cette chronique pourrait s'arrêter là tant Valley Of Fire est parfaitement résumé par cet état de fait. Un disque à plusieurs facettes dont certaines sont indéniablement fatigantes, d'autres inspirant la curiosité puis l'adhésion. America Mystica, le précédent (double) album du groupe, avait placé la barre assez haute et le niveau d'excellence atteint alors n'est pas rattrapé par Valley Of Fire qui pourtant ne démérite pas. Un disque hétérogène et bancal. Un disque enregistré à plusieurs occasions et à plusieurs endroits. Presque un disque pas fini.
Première face et premier choc, Sing Your Own Song qui démarre comme un classique post rock sous influence psychédélique mais l'intervention d'Eva Salens (du groupe Inca Ore) au chant donne ce côté slogan proche de l'invective grâce à une voix qui n'est pas sans rappeler certaines pièces vocales de Sun Ra -it's after the end of the world, don't you know that yet ? ou quelque chose d'approchant, extrait je crois de l'album Space Is The Place. Il s'agit juste d'une similitude et de concordances sonores mais l'effet est durable et étonnant. Jackie-O Motherfucker s'avoue quand même plus facilement influencé par l'Art Ensemble Of Chicago -la tarte à la crème dès que l'on évoque une musique à la fois vaguement folklorique et sujette aux incertitudes de l'improvisation. En deuxième position, Valley Of Fire pourrait être une chanson typique d'une certaine tradition mi folk mi post rock pour informaticiens trentenaires si le long final ne renouait avec le space rock (celui-là même qui débutait Sing Your Own Song) et le psychédélisme enfumé. La première face se termine avec The Tree, une reprise des Beach Boys (et oui…) d'un classicisme mélodique et formel qui me rend malade d'ennui.
On tourne le disque et hop, la face B est occupé par un seul et unique titre, We Are/Channel Zero, un long collage de free je ne sais quoi, de bandes improbables, de voix chargées d'écho qui se veulent incantatoires, de percussions pour opiomane, de guitares lysergiques -bref du Jackie-O Motherfucker pur jus, celui qui comme écrit plus haut peut se révéler aussi énervant que passionnant et effectivement, ces quelques vingt minutes qui donnent l'impression de ne pas être sous contrôle n'évitent la branlette de drogués que de justesse sans pour autant atteindre le septième ciel… sauf peut être aux alentours de la dix-huitième minute, c'est-à-dire presque à la fin - dommage.

Haz (21/01/2008)