Electric Electric
Sad Cities Handclappers - CD
Herzfeld 2008

Electric Electric. 1 + 1 = 2. Une équation bien connue. La paire, ya en plus de deux comme eux. Oxes + !!! (Chick Chick Chick) mais ça serait insultant pour Oxes. Tentons Battles + New Order. Le rock contre la dance. Ou le rock avec la dance. On ne sait plus trop avec cette paire alsacienne. C'est là tout l'intérêt et tout l'agacement. Une vraie paire, pour le pire et le meilleur. Surtout que cette paire est une fausse paire et q'un troisième s'est greffé dessus, le surnommé Nighthawk, à l'origine aux manettes de l'enregistrement et aux claviers, tous sortes de claviers, désormais. Et comme tout groupe qui n'arrive pas à trancher, l'avis se met au diapason. Un coup, c'est bon. Un coup, c'est beaucoup moins folichon. Un coup, tu fonces tête baissée sans réfléchir. Un coup, cette mixture te porte sur les nerfs. Notez bien que personne ne leur demande de trancher. Ce ne sont pas les premiers à tendre des ponts entre les genres. Mais le mélange est toujours risqué et le groupe strasbourgeois n'évite pas quelques plans casse-gueule. Les handclappings de Hydraviolet, gimmicks dont ils abusent sur plusieurs morceaux (les mains dans les poches, c'est bien aussi), son chant, tout comme les mélodies vocales en général, rares, mais rappelant suffisamment les pires heures du mouvement shoegaze pour en demander plus. Des rythmes qui se veulent parfois tellement accrocheurs que cela en devient limite et bas du front, un saupoudrage électronique tendance et un esprit clubbing qui m'hérisse le poil que j'ai fragile. Mais c'est aussi tout ça qui en fait son charme. Insoluble. Tout et son contraire. Une batterie tour à tour binaire, entièrement tournée vers la pulsation dansante ou complexe, à cogner dans tous les angles. Des morceaux limpides, qui glissent sans vaseline, fait pour les foules et des bravoures bien bruyantes. Des titres comme Tchernovsky, Minimal = maximal ou Hydraviolet (encore lui) puissamment tubuesques, c'est presque énervant de facilité. Mettez ces morceaux à fond dans les enceintes pour faire patienter le public pendant un concert et en deux secondes, tout le monde dodeline de la tête ou tape du pied inconsciemment. A coté de ça, vous avez l'excellent Electric electric !, orgiaque, noise, presque qualifiable de math-rock ou le sombre et très beau Je t'aime, j'te jure. Des arpèges en boucles à la Battles et des riffs ultra simples. Un sentiment de transe noise qui vous envahit, genre Marvin de l'est. Je n'ai pas une sensibilité profonde pour certains de ces morceaux qui font instinctivement bouger le corps, mais je loue leur redoutable efficacité. Dans la chaleur d'un concert, l'effet doit être imparable. Dans l'intimité d'une pièce, on s'en lasse plus vite. Tout comme on se lasse de la longueur de l'album. 57 minutes, c'est bien trop. Court et direct, ils auraient mis tout le monde d'accord. Avec les quatre derniers titres dépassant les cinq minutes, leur formidable dynamisme se dilue et s'écrase lamentablement sur 1986, soit six minutes d'un drone, nouvelle arnaque musicale des temps modernes plus communément appelée pet de mammouth. Un premier album qui reste globalement percutant et prometteur, en espérant qu'ils se débarrassent de quelques tics et qu'ils resserrent l'écriture.

SKX (15/11/2008)