Commodor
Driving Out Of Focus - CD
Distille 2008

On ne baisera même pas le quart de ce qu'on voudrait. Il faut s'y faire. C'est sur cette pensée très profonde que s'ouvre la chronique de Commodor. Ne pas trop chercher à comprendre. Peut-être ce sentiment de frustration qui m'habite à l'écoute du premier album des Suisses de Genève. J'aurais pu penser à la théorie du verre à moitié plein ou à moitié vide mais mon penchant pour l'alcool s'est fait devancer de justesse par une belle paire de fesses. Commodor débarque avec déjà une bonne dose de savoir-faire. Les trois membres n'en sont pas à leur coup d'essai, notamment le bassiste qui a intégré récemment les rangs de Knut au poste de second guitariste et ça percute d'entrée. A l'instar de leurs compatriotes de Ventura, Commodor œuvre dans un style indie-rock de bons artisans qui connaissent les bonnes vieilles recettes tout en faisant chauffer plus virilement la marmite que Ventura. Les quatre premiers titres sont ainsi parfaits de maîtrise, balance adéquate entre pulsations qui roulent, lignes de basse frappantes, chant soutenu bien plus convaincant que lors de ses tentatives d'être mélodieux et venant se poser là comme un cheveu sur la soupe, mélodies faisant décoller le morceau, bassiste troquant ses quatre cordes contre un moog ingénieux et une énergie qui ne se dilue jamais. La palme revient à Panavision, de loin le meilleur morceau de l'album avec son final hypnotisant. Quand Commodor joue la carte noise-rock, ça leur va beaucoup mieux que la carte du tendre. Parce que la suite me laisse sur la faim. Chute d'inspiration, morceaux moins prenant, post-rock pointant son vilain museau, la frontière entre classicisme et routine est bien mince. Les ingrédients restent identiques mais la sauce a goût de commun. L'énergique Tolt reste vain. Dune est aussi chiant que le film et le trop tranquille instrumental de sortie donne envie de prendre l'issue de secours. Que vous soyez branché cul ou porté sur la vinasse, mieux vaut ne pas arriver en retard chez Commodor car le meilleur est au début.

SKX (31/05/2008)