Chick Peas
s/t - CD
Boom Boom Rikordz 2008

Je dois bien avouer que je suis allé vers ce disque à reculons. A tort ou à raison, Chick Peas n'avait jamais fait beaucoup d'étincelles dans mon petit cœur tout bleu. Ce premier album -sans titre et tardif (le groupe existe depuis 2002 je crois)- était donc l'occasion d'avoir un avis plus posé sur le trio lyonnais, pour l'instant uniquement vu en concert. Mon cœur d'artichaut (de Bretagne) allait il être conquis par les pois chiches méditerranéens ? Quel effroyable suspens les amis.
Chick Peas est un groupe avec deux basses, une batterie et un peu de chant, mais pas beaucoup, la musique du groupe étant aux trois quarts instrumentale. Un groupe noise avec deux basses et pas de guitare, il y en a quelques uns d'importance, à commencer par Milkmine -une paire de singles et un unique album en 1994, autant dire une éternité- un groupe sale et violent très influencé par Unsane. Beaucoup plus récemment il y a les chicagoans de Bear Claw, plus influencé eux par l'école Dischord. Et pour faire plaisir à tout le monde citons également les plan-plans Diagonah dans une veine inspirée par June Of 44. C'est fou ce que l'on peut donc arriver à faire avec deux basses. Chick Peas a un peu à voir avec tout ça. L'efficacité rythmique est la règle d'or de ces garçons, l'énergie brute est leur moteur, ça passe ou ça casse et la plupart du temps ça passe. Et ça passe même très bien comme sur Incredible dont le final me fait à chaque fois relever la tête pour regarder sur le lecteur le numéro de la plage : c'est la combien celle déjà ? ah oui la 6 !
La répartition des tâches entre les deux basses est assez simple et constante : lorsque la première assure un nappage de clous sur la chaussée, la seconde roule dessus avec délectation (mais ne finit jamais dans le décor). Quelques interventions plus mélodiques font leur apparition -le très poppy Lost Buddy- et, si elles enlèvent un peu de cohérence à cet album, elles lui donnent au passage un peu d'air. Parce que cela ne rigole pas chez les Chick Peas : c'est du lourd, plutôt rapide et qui défouraille, avec des accélérations bien menées et des tricotages post-machin-trucs néo fugazien énergiques mais agréables (l'entrée en matière de Lalioka).
Seuls regrets : parfois je ne trouve pas cela assez sale, j'ai toujours aimé les pieds qui puent et je préfèrerais que ce disque refoule davantage de la converse et de la chaussette trouée. De même le chant est rare mais très bien et donc forcément il n'y en a pas assez sur ce disque, plus de braillardises s'il vous plait merci, comme sur le début de Kiri, ou plus de narratif comme sur Motorway To Solaize. Enfin, il y a un ghost track qui rallonge inutilement cet album, rien à dire sur ce qui ressemble à une séance d'impro pas très captivante… Pour le reste, c'est-à-dire tout ou presque, cet album sans titre agrémenté d'un artwork fait de collages à la signification mystérieuse remplit très bien sa mission.

Haz (27/10/2008)