Weasel Walter
Early Recordings 1988-1991 - CD
Savage Land 2007

Si il existe un fou chantant, Weasel Walter est le fou composant. De l'autre coté de l'Atlantique, ce mec essentiellement connu pour son groupe The Flying Luttenbachers est un cinglé, un obsédé de la composition, un maniaque de musique qui en écrit depuis sa plus tendre enfance (ou presque). Une enfance qui a du être salement secouée à la lecture de son arbre généalogique musicale qui figure à l'intérieur de cette compilation retraçant ses travaux de jeunesse avant de se lancer définitivement dans Flying Luttenbachers. Il a tout juste 12 ans quand il commence à fréquenter le punk rock et 14 quand il joue dans son premier groupe hardcore Chernobyl Chyldren (tout un programme) et que la musique des Contortions, Lydia Lunch et tout un tas de musiques bizarres lui arrivent aux oreilles. Mais que font ces parents ?! A 16 ans, il achète son 1er 4-pistes et devient totalement obnubiler par la no wave et le free jazz. On est en 1988 et le petit Weasel commence à enregistrer tous un tas de trucs jusqu'à son déménagement pour Chicago où il commencera en 1991 les Flying. C'est cette période de formation et de défrichement que ce CD se propose d'ausculter. Les gammes d'un compositeur (terme dont on enlève toute prétention quand il s'agit de Weasel Walter) devenu hors pair et qui parle ouvertement et franchement de ses influences à travers ses œuvres de jeunesse. On ne va pas repasser en revue les 18 morceaux pour pratiquement 80 minutes de musique de ce CD. Toute la frénésie de sa future œuvre est déjà présente mais c'est aussi l'anarchie. L'anarchie d'un passionné de musique qui fait se télescoper le jazz de Coltrane et la no wave de James Chance, Ornette Coleman et les Slits. Un multi-instrumentiste qui à 18 ans fait preuve déjà d'un sacré talent pour maîtriser guitare, basse, clarinette, synthés et une batterie qui deviendra son instrument d'expression favori. Ca déborde d'un peu partout, c'est loin d'être abouti. Il faut avoir l'oreille concentrée pour en sortir les passages qui sortent du lot comme les dix minutes de l'excellent Inferno 23, pièce qui servira de support à un futur titre de The Flying Luttenbachers. Comme il l'écrit lui-même, ce sont des enregistrements primitifs et j'espère que cela fait parti de leur charme… Mais en dehors de nous apprendre qu'il est tombé dedans tout petit et qu'on peut y arriver par soi-même pour peu qu'on ait la foi, cette compilation nous apprend surtout qu'on peut sortir des clichés du punk-rock et être original et expérimental tout en étant intense et rock. C'est James Chance qui l'a soufflé au jeune Weasel. Depuis, c'est son sacerdoce et si vous avez compris ça, vous avez tout compris à l'énergumène et son œuvre.

SKX (18/11/2007)