Strings Of Consciousness
Our Moon Is Full - CD
Central Control International 2007

Les paroles sont peut être ce qu'il y a de plus important dans le premier album de Strings Of Consciouness. Même pour un béotien comme moi qui entrave que dalle à la langue de Selby, de Burroughs ou de qui voudrez : in texto, y compris avec un dictionnaire pour les nuls, tout ceci me semble bien obscur. Obscur ? Justement, c'est en fermant les yeux que je comprends le mieux, que je m'imagine saisir ce qui pourrait m'échapper, que je flirte avec les émotions - Our Moon Is Full est un album de poètes véritables et c'est sa première et indéniablement sa plus grande qualité. Une poésie que l'on peut ressentir uniquement par les sons qu'elle dégage. Le principe du disque est simple : pour chaque titre, Strings Of Consciousness a invité une grande voix à s'exprimer, écriture du texte comme son interprétation incombe à chaque invité dont la liste tient du pur fantasme avec la présence de J.G. Thirlwell (Fœtus), Scott McCloud (Girls Against Boys), Eugene Robinson (Oxbow), Barry Adamson, Pete Simonelli (Enablers) et -le seul que je ne connaissais pas- Black Sifichi.
Certaines interprétations lorgnent définitivement du côté du chant (Asphodel par Thirlwell, Christallize It dont on pourrait croire qu'il s'agit vraiment d'un nouveau titre de Girls Against Boys et, pour moitié, l'intervention de Barry Adamson sur Sonic Glimpse) mais la grosse majorité de ces chansons est sur le mode parlé/récitatif. Chacun y va de son talent, Eugène Robinson montant en puissance avant d'exploser sur un beat electro du meilleur effet, Simonelli avec sa sobriété imparable et impériale, Barry Adamson toujours et encore avec sa profonde voix grave un peu érodée par le temps et enfin Black Sifichi, le seul à intervenir sur deux titres et dont j'aimerais entendre autre chose après la mise en bouche spectaculaire que représente While The Sun Burns Out Another Sun.
Et la musique dans tout ça ? Ah oui la musique ! Le plus fascinant est qu'elle n'a rien d'un assemblage hétéroclite alors que cela était le risque le plus évident avec autant de voix différentes à soutenir et autant de musiciens d'horizons différents intervenant sur le disque (de Nicolas Dick de Kill The Thrill au trompettiste Andy Diagram, ex Honkies, Spaceheads). Mais l'unité est là, ramassée autour d'un patient travail d'orfèvre et d'assemblage de la part de Philippe Petit et de Hervé Vincenti, les deux têtes pensantes du groupe. D'accord, Asphodel est une curieuse mise en bouche offrant un chant assez inhabituel de la part de J.G. Thirlwell et Christallize It est un vrai brûlot rock mais rien ne dépareille sur ce disque qui réussit à allier tensions noisy, post rock tortoisien (celui des deux premiers albums des Chicagoans) et virevoltes électroniques - un disque à part et une musique à part, directement dans mon top ten de 2007.

Haz (20/10/2007)