L'Ocelle Mare
s/t - CD
Ruminance 2007

Œil obscur, caves humides, ruines et pénombre, débris de béton, voûtes moisies, espèce de vieille église en voie de disparition, toi-même lui répondit l'écho et Thomas Bonvalet, orphelin de Cheval de Frise, au milieu. Ou plutôt dans les parages. Jamais vraiment là, flottant dans les méandres de seize tableaux sonores, surgissant d'un sombre recoin pour donner une impulsion à un exercice périlleux. Le disque de solo de guitare. Peut s'avérer extrêmement casse-gueule. Et je reste poli. Il a beau agrémenté ses morceaux d'un banjo, d'un harmonica, taper du pied pour un semblant de rythme, l'élément central reste sa fidèle guitare acoustique. Flamenco étrange et décharné, une musique dépouillée où il n'est pas facile de donner une impulsion, de palier à l'absence d'un rythme traditionnel, surtout quand le jeu de guitare est aussi erratique, tour à tour saccadé et limpide, nerveux et coulant. Une grande part est accordée au silence avec quelques fulgurances propres à feu Cheval de Frise où on imagine, pour ceux qui on eu la chance de les voir en concert, la gymnastique improbable des doigts de Thomas Bonvalet pour sortir des accords inédits. Le résultat est impressionniste, fugace, une longue pièce aride découpée en un souterrain avec de multiples crevasses, quelques éclairs divins mais où on s'y perd à la fin. Jubilatoire si vous êtes d'une humeur très contemplative ou passer totalement à coté. L'auteur lui-même n'est pas convaincu du résultat. On sait tous pourtant qu'il vaut beaucoup mieux que ça. A voir pour l'instant surtout en concert où réside toute l'intensité que cet album n'a pas.

SKX (16/05/2007)