Grey Daturas/Monarch
Dawn Of The Catalyst - split CD
Thrones/20 Buck Spin 2007

Quelle bonne idée de réunir sur un seul et même disque deux représentants parmi les plus actifs du lourd et du lent, un par hémisphère (ça fait plaisir aux amateurs de symboles) avec les australiens de Grey Daturas et les français de Monarch. Un titre chacun et de durée égale, si vous avez la chance de trouver la version vinyle (200 exemplaires en gris et 800 en noir) vous pourrez même apprécier l'illustration de la pochette dessinée par l'omniprésent Seldon Hunt, sinon vous vous contenterez comme moi d'un vulgaire CD -format qui ne convient absolument pas à l'exercice du split album, à moins que les deux groupes ne soient totalement différents, comme sur le split Elysiüm/Monarch, ce qui n'est absolument pas le cas ici.
Il faut bien avouer que ce disque ressemble d'abord à un concours de vitesse et d'accordage : c'est à celui des deux groupes qui jouera le plus lentement et le plus dans les graves. A ce petit jeu là il n'est d'ailleurs pas sûr que ce soit Monarch qui gagne. On sait depuis la récente réédition chez Crucial Blast de l'album Dead In The Woods de Grey Daturas (paru à l'origine en 2004) que les australiens ont d'ordinaire un format plus rock, pratiquent une sorte de stoner noisy et lo-fi. L'album Path Of Niners (2006) offre lui un visage nettement plus noise et surtout psychédélique, ça jamme dans tous les coins, la bande tourne en continu pendant que le batteur (également bassiste) installe son kit dans la cuisine et que les deux guitaristes, confortablement installés au jardin dans des chaises longues, essaient à peu près toutes les idées qui leur passent par la tête. On coupe la bande magnétique de manière aléatoire et on obtient un disque de mushroom metal, excellent, pouvant se résumer à The Dead C ou Gate reprenant Black Sabbath. Changement d'humeur donc pour ce Dawn Of The Catalyst puisque avec Golden Tusk The Endearing, Grey Daturas ne propose ni plus ni moins qu'une version à peine plus expérimentale de la musique de Monarch. C'est aussi long à démarrer, c'est aussi lent, aussi lourd et ce n'est que lorsque c'est terminé et que l'on remarque enfin l'absence de chant que l'on est persuadé d'avoir eu affaire aux australiens. Seule différence notable, la fin du morceau qui part en s'étiolant, tombant dans l'atmosphérique puis le vague, une porte de sortie en forme d'apaisement, les larsens se diluant sans infliger trop de souffrance.
Rapture, le titre proposé par Monarch, en est la suite logique, reprenant là où Grey Daturas a abandonné la partie, relançant la machine à débiter le doom en tranche de trente secondes par coup de caisse claire. Le son est un peu plus incisif, plus carré mais c'est tout -juste l'impression d'être confronté à une machine mieux huilée. La voix arrive enfin -Emilie tu es notre sauveuse!- avec des vocalises d'abord plutôt discrètes qui vont en s'intensifiant sans réellement passer aux hurlements de sorcière d'usage. Rien de fondamentalement nouveau mais Monarch garde cette attraction surnaturelle et inévitable, ce truc unique qui paralyse. D'autres amateurs pour le bûcher ?

Haz (14/12/2007)