The Conformists
Three Hundred - CD
54°40' Or Fight ! 2007
Two Hundred - CD
Collective 2004

Ne pas se fier au patronyme. The Conformists ne sont pas conformistes. Fumistes à la rigueur. Deux albums en onze années d'existence, voilà un rendement qui fait peur. Un secret bien gardé dans cette ville de St Louis dans l'Illinois, ville pourtant pas avare en bons groupes. Conformiste par contre si on se réfère à l'histoire musicale de la région. Ce groupe de quatre individus s'inscrit dans une lignée noise-rock qui n'est pas étrangère à la région. Ou plutôt du no-noise-rock. L'art de détruire les riffs qui s'annonçaient bons, de mettre des rythmes tout de travioles, de dérégler la machine du temps, de rendre les choses inaccessibles alors que tout pourrait couler de source. Faire cohabiter la perversité d'un US Maple et la jouissance d'un Oxes. Des empêcheurs de tourner en rond qui, pour le coup, prennent à contre-pied leur blaire. C'est Bob Weston qui s'est tapé la bête en 2004 avec Two Hundred. Les faux départs, les guitares qui dérapent, les guitares chewing-gum, tout ce qui à l'air d'être n'importe quoi mais qui sonne, The Conformists se le paye. Une voix qui, quand elle va chercher dans les graves, recrache ce que le chanteur de Big'n a avalé. Un groupe capable de tenir une note de basse pendant plusieurs minutes sans que rien d'autres ne se passe. Des mélodies avortées dès le premier mois. Quelquechose de très no wave finalement. Le genre de musique à énerver pas mal de monde. Mais si tu n'as pas été élevé à l'US Maple, tu ne peux pas comprendre.

2007. Bob laisse les manettes au patron. Steve Albini prend les choses en main et le plus respectable label 54°40' or Fight ! va tenter de populariser ce groupe d'ours avec Three Hundred, un album au nom quasi-identique tout comme le visuel (alors conformiste ou pas conformiste ??!!). Après 32 secondes d'un silence presque parfait, la baston made in Albini vous saute dessus. Il y a de la batterie, faudrait être sourd pour pas s'en rendre compte. Mais la personnalité de The Conformists est la plus forte et leur musique ne s'annonce pas dénaturaliser par la présence imposante de leur enregistreur. Ils ne comptent toujours pas carré. Tout juste ont-ils mis plus de poids dans leur propos. Ils gardent un malin plaisir à saboter leurs compositions. C'es tout aussi frustrant que réjouissant. Sur l'ensemble, le groupe a quand même essayé d'être plus harmonieux et cohérent. De courts titres percutant qui ne semblent pas être achevé. Des moments particulièrement punitifs comme ces break assourdissants ponctuant Meredith Knezvitch. Mine de rien, derrière leurs manières de branleurs, ils allongent quelques titres bien saignants avec son pesant d'accords noise et majeurs, de rythmiques tour à tour répétitives ou alambiquées et d'un humour de branque dont ils ne peuvent pas décemment tout à fait se départir (les start and stop ponctué de thank you sur le début de Black people). Ou le fait de finir un album par un morceau qui s'appelle You're Welcome, soit huit minutes d'un groupe qui allie tradition noise-rock et personnalité déviante. Au final, on ne sait toujours pas si ils méritent leur patronyme ou non mais c'est en tout cas un excellent compromis.

SKX (19/11/2007)