AMERICAN HERITAGE
Millenarian - CD
Translation Loss 2006

J'avoue que j'avais un peu lâché l'affaire American Heritage. Après leur précédent méfait Bipolar, je les croyais perdu pour la cause d'un metal-hardcore bien baveux et dégoulinant de gras. Les choses n'ont pas fait qu'empirer. Il était là, stocker depuis un bon moment, sous la pile, la chose honteuse que je ne voulais pas écouter. Mais la force de American Heritage est insoupçonnable. L'album a fini pratiquement par se jouer tout seul. Le Malin a bien fait. C'est une tuerie sans nom. Pas dans le sens que c'est l'album de l'année. Son pouvoir n'est pas si immense. C'est juste une tuerie. Au sens premier du terme. Mastodon, dont le dernier album ne sèmerait même pas la pagaille dans un défilé de majorettes, peut aller se rhabiller. Cru, violent, sans le moindre putain de solo de guitare, Millenarian renoue avec la tradition de son rock d'antan, celui qui déflorait le math-rock et le coule dans une chape féroce qui doit autant aux métalleux les plus chevelus qu'à une obscure force noise qui anime Unsane, Keelhaul et Craw. Revenu à une formule trio, American Heritage fait tourner des plans diaboliques, jusqu'à l'hypnose, qui avance INEXORABLEMENT sur vous, faible proie sous le joug d'un bulldozer permanent. Mike Duffy chauffe sa batterie, l'a réduit en miettes. Le son est hyper dense. On y glisserait pas un doigt. Ca n'arrête pas. Ca joue encore et encore. Sur la longueur des sept titres qui oscillent tous entre quatre et six minutes, ça manque de variances mais c'est un monumental pain dans la tronche qu'ils nous mettent et il faut pas chercher midi à quatorze heures. Seule ombre au tableau, le chant. Toujours. Quand il donne dans la gamme du hurleur moyen inhérent à n'importe quel groupe de hardcore, passe encore. Mais ya un p'tit malin qui se croit bon de rajouter épisodiquement des cris gutturaux de gorets comme les gros connards avinés aiment à pousser aux premiers rangs des concerts grind. Et ça le fait pas du tout. Toutes ces voix ne sont pas très présentes mais suffisamment pour ne pas adhérer complètement à cet album. Millenarian est franchement une surprise. Ils ont su regrouper sur un seul et même disque leur amour pour les musiques complexes et les branlées auditives les plus brutales. Sous ses allures de barbares du Caucase, Millenarian est bien plus fin qu'on ne le pense. American Heritage revient dans la course.

Pour infos et pour les Old school fans comme ils disent Andreï Cabanban (guitariste canal historique de American Heritage et ancien Brass knuckles for tough guys) s'est lancé à nouveau avec Duffy dans un projet dont vous pouvez voir une vidéo ici. Le old school, ça à du bon !
Le même Cabanban multiplie les projets. En solo avec Interfac3, touche à tout bricolo et electro (pas rigolo). A deux et à la batterie sous le nom de Duchess of Tek. Au chant et à la guitare sous le nom de The Dead leaf orchestra. Et enfin à trois et de nouveau à la batterie avec The Royal edge treader. Je le savais insomniaque mais pas à ce point là.
Jugez sur pièce.

SKX (01/02/2007)