Loraxx
Selfs - CD
Automatic Combustioneer 2005

Loraxx est un pur produit de Chicago. Rien que cette sentence devrait suffire à comprendre. Ils se déclarent eux-mêmes sonnant comme Jesus Lizard, Shellac et Birthay Party. En plus, enregistré par qui vous savez, la voie est toute tracée. Un groupe pourtant fort discret. Selfs est leur troisième album depuis leur création en 1998 mais on ne peut pas dire que leur nom soit familier des rubriques people de l'indé. Comme quoi le blaire d'Albini ne suffit plus. La faute surtout d'un groupe qui n'est qu'un loisir de week-end et qui a laissé quatre années s'écouler depuis leur second album Yellville. Selfs ne serait donc qu'un produit de plus de cette école à broyer noise-rock made in Chicago… ? C'est ce qui risque de leur arriver… Cet album se distingue pourtant grâce à une voix femelle marquante. Femelle car ce chant est plus proche de l'animal qu'on titille que le signe d'une sensualité débordante. Arista Strungys, qui plaque aussi des accords acérés de guitare, va chercher au plus profond de son larynx, crache, éructe, donne l'impression de forcer, de puiser des forces insoupçonnées pour un résultat qui permet à Loraxx d'affirmer sa personnalité. Pour la partie musique, c'est la section rythmique qui pose les fondations. Lourde, menaçante, la paire Jeff Lauras (basse) et Elliott Talarico (batterie) n'aime pas la démonstration gratuite, se contentant d'user les nerfs, répétant inlassablement, enfonçant le clou, construisant une forteresse autour de la guitare qui se contente d'interventions au vitriol, laissant la part belle à cette section pas bavarde mais imposante. Ecouter le morceau final The Kingmaker. Ce sont les Melvins qui se prennent pour Glazed Baby. Ballade monstrueuse de sept minutes dans les entrailles de la bête. Alors avec leurs airs tout trouver d'avance et ces références jetées en pâture trop facilement, Loraxx finalement trompe son monde. On sait d'où ils viennent mais les routes sont incertaines ma bonne dame, nous emmènent vers des chemins bien plus complexes et signe un album que vous feriez mieux d'écouter attentivement.

SKX (08/01/06)