Mihaï Edrisch
Un Jour Sans Lendemain - CD
Alchimia 2005

Le second opus des lyonnais de Mihai Edrisch interpelle tout de suite par la grande sobriété de son digipack et par les huit titres qui s'inscrivent noir sur blanc au dos de l'objet. Huit verbes qui claquent (Naître, Marcher, Vivre, etc…), la vie en accélérée, comme dans cette pub pour une assurance, qui ont poussée ma curiosité habituellement relativement insensible aux paroles pour aller faire un tour sur leur site et voir de quoi il retourne. Ca m'apprendra à être curieux. C'est fatigué de naissance que ça commence puisque dès le premier morceau Naître, le chanteur hurle "qu'à tout dire, je préfère crever ". Forcément, la vie s'annonce comme un dur chemin de croix et les paroles qui suivent ne font que confirmer. De Naître à Mourir (une délivrance serait on tenter de croire), toutes les paroles se ressemblent. C'est zéro espoir sur toute la ligne, rien qui vaut le coup d'être vécu. Ou si peu. Parce que même dans ces moments là, c'est pourri d'avance. Un seul titre au lieu de huit aurait pu suffir, c'est Tire oi une balle dans la peau, et plus vite que ça. Ou moins prosaïquement, c'est le genre poète maudit, Je t'en veux de ne pas vouloir me quitter et autres pleurnicheries. Tout ça est peu too much pour moi comme disent les jeunes. Un (gros) poil de maturité dans ce hardcore là ne serait pas superflu. Heureusement, avec la musique derrière, c'est moins gênant, sauf dans les rares occasions où ça baisse d'un ton, juste le temps de se rendre compte que la voix manque cruellement de coffre (on va croire que je m'acharne !). Mais c'est tout un symbole. Après un premier album très prometteur, le screamo-hardcore de Mihai Edrisch verse dans une sensiblerie, un émotion à fleur de peau qui passe trop souvent du mauvais coté de la limite. Leur musique ne manque pourtant pas de virulence et de saines bourrasques, de montées poignantes et offre des moments salvateurs. Mais il y a comme une atmosphère générale affectée qui fait de ce Un jour sans lendemain un album abordé avec des pincettes. Où Envy réussit à passer ses émotions sans chichi, Mihaï Edrisch les met en scène de façon trop dramatique pour y adhérer.

SKX (16/10/2005)