ENVY/THIS MACHINE KILLS
A Red Wound Picture/Forty One Bullets - 7
HG-Fact 2000

Envy. Un nom qui ne vous dit rien. Un groupe japonais qui débarque dans mon petit monde. Par surprise et dont je n'attends aucun tremblement de terre. Quelques minutes plus tard, vous êtes là sans bouger, la lèvre pendante, comme un con à se demander quel raz-de-marée vient de vous dévaster la platine. La découverte de Envy a ceci de prodigieux. Vous avez des disques dont vous guettez la sortie depuis des mois, avec son lot de surprises, bonnes et piteuses, ces découvertes qui n'en sont plus, où la mèche a été vendu depuis longtemps par internet ou des fanzines. Ce Red Wound Picture sorti du néant, lui, rafle tout. Pas de signes avant coureur de tempête dévastatrice, rien, nada. Des petits moments de bonheur qui ne semblent faits que pour vous, qui surgissent d'une scène musicale tentaculaire et infinie et dont un seul morceau vous fait oublier tous les autres, l'espace d'un instant mis en boucles. Et c'est d'autant meilleur. Ce morceau donc, A Red Wound Picture, a tout pour lui. Basiquement, on pourrait dire que c'est de l'emo-noise avec un chant hurlé (screamo dit-on dans les milieux autorisés). Mais, s'arrêter à cette description serait limiter ce quintet japonais à toute une meute de suiveurs aboyante dans le vide. Car Envy fait tout comme les autres. Mais en mieux. Beaucoup mieux. Plus fort, plus beau, plus tout quoi. Ils ont le son. Massif sans être brutal, travaillé dans de la roche en fusion. Enorme et abrasif. Et une composition diabolique. Pleine de rage et de passion. Avec juste cette mélodie vers le milieu qui descend dans le poignant pour déboucher sur un refrain tueur qui emmène le reste du titre sur des sommets d'intensité rarement atteints, parsemé de passage ultra-courts et hystériques. J'en suis toujours pas revenu. Il suffit de retourner la face pour se rendre compte de la différence.
Les américains de This Machine Kills font tout pareil. Mais moins bien. Dans le son et la composition. On ressent beaucoup plus cette sensation de déjà entendu. Reste un titre honnête contre les brutalités policières et dédié à Amadou Diallo. Envy acte II. HG-Fact records, dans sa grande bonté, amen, m'a fait la générosité de m'envoyer également le même jour, jour béni, le tout nouveau 3 titres d'Envy The Eyes of Final Proof. Et si j'ai eu peur de redescendre de mon nuage, je suis rassuré. Envy, c'est du bonheur à pleine louchée ! Deux titres très nerveux, riches en événements, du ressort et toujours autant de passion. Le plus beau reste l'autre coté. Un Awaken Eyes où le terme emo prend une valeur significative, sans chichi et juste ce brin de lyrisme qu'il faut pour rendre accro. Des petits moments de calmes, d'arpèges tranquilles, cette voix écorchée qui prend aux tripes, une mélodie prodigieuse, nan, vraiment. Une montée crescendo où Envy s'expose, impudique, où le feu couve dangereusement puis se répand. Depuis, j'arrête pas de lire que du bien d'Envy, des chroniques dithyrambiques, des gens qui y plongent tête baissée. En apnée dans une discographie dont j'ai vite fait de m'y noyer aussi en me procurant tout ce qui bouge sur Envy, notamment leur CD 5 titres Angel's curse whispered in the edge of despair (HG-Fact 1999). C'est du même gabarit. Ou leur album From here to eternity (HG-Fact 1998), un rien plus basique et moins passionnant sur la longueur, néanmoins signe d'un tournant dans leur démarche musicale et de débuts moins vivifiants. Alors concentrez vous sur ces deux 45 tours monumentaux et leur précédent mini-album car Envy, c'est la sensation du moment et mérite qu'on s'y brûle.

SKX (21/08/2000)