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Action Beat + G.W. Sok The World Is Fucked But I Feel Fine – LP Psych.KG records 2017 Ce n'était donc pas le projet d'un seul disque. Le collectif anglais Action Beat en remet une couche avec notre hollandais préféré G.W. Sok. On ne va pas s'en plaindre. A Remarkable Machine était un remarquable disque, chacun se nourrissant de l'autre pour créer un fatras sonique judicieux, entre chaos et poésie. Alors oui, le monde a le ciboulot baisé, c'est pas un scoop, ça fait longtemps que ça dure, c'est aussi vieux que la terre qui te (sup)porte mais tout va bien pour la petite entreprise d'Action Beat et de G.W. Sok. The World Is Fucked But I Feel Fine marche dans les sillons de A Remarkable Machine avec un goût du chaos et du raffut encore plus prononcé. La chant scandé de GW Sok se fond dans la masse dissonante sans disparaître derrière le mur de guitares et de rythmes enchevêtrés. Il est là, plus que jamais, balançant ses vers et son constat sur le désordre du monde, avec son recul habituel et la pointe de rage nécessaire. Et vu que l'album a été enregistré aux États-Unis (Boston exactement en juillet 2016) lors d'une tournée d'Action Beat (un vieux rêve des Anglais) avec en guise de pochette, une salle de concert annonçant un de leur concert avec GW Sok et un magnifique néon Texas illuminant la nuit, paroles et musique sont à l'unisson, la lutte continue et trouve son prolongement dans le titre Unwanted Shapes Of Amiracle, habile détournement des initiales de leur pays hôte. G.W. Sok et Action Beat ne faiblissent donc pas, en rajoutent même une couche. Les multiples guitares tirent particulièrement leur épingle du jeu. Elles tissent un maillage serré dans lequel il est permis de respirer. Faut quand même songer à travailler son souffle. Malgré les huit ou neuf membres qui maltraitent guitares, basses et batteries, Action Beat nous a toujours habitué tout au long de ces sept précédents albums que l'excès et la débauche sonore n'étaient pas dans leur code de conduite (pour la débauche tout court, c'est autre chose). Mais donc, vu que le monde marche sur la tête, Action Beat et leur chanteur ont décidé d'arrêter de louvoyer, prennent le mors à pleine dents et n'hésitent pas à poncer, tirailler dans toutes les directions, à intensifier la pression, casser les rythmes pour repartir encore plus fort et mettre dans le rouge des guitares qui gardent cependant toute leur malice et leur agilité. Action Beat a surtout encore augmenté la qualité de ses compositions. De jeunes chevaux fougueux où seul le plaisir immédiat comptait, l'âge aidant, ils arrivent désormais à écrire des morceaux qui ne font pas que passer, mettent de la consistance, de la profondeur (l'atout GW Sok) et un gros brin de talent, au point de composer deux titres d'environ six minutes qui vont laisser des traces. Crawling et le superbe Gangrene Machine, ça ne rigole plus, c'est rudement enlevé, une cavalcade effrénée et désespérée (Why can't we be happy all the time se demande GW Sok) et un souffle épique dont la joyeuse troupe n'était pas coutumière. Et des points d'accroches et des raisons d'y retourner à ce disque, ce n'est pas ce qui manque. The World Is Fucked But I Feel Fine, surtout avec ce brillant album posé sur la platine qui tourne bien plus rond que le monde. SKX (22/06/2017)