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White
Suns Les cinq titres du CDEP laissent à penser que l'acide est en vente libre dans les rues de NY. Pas celui qui te fait monter grave mais le sulfurique dont les plaies sont irréversibles. Les tympans suintent, l'épiderme tressaille pendant que White Suns prépare en douceur sur l'intro de Pieta la future mission punitive qui finit immanquablement par arriver. Déluge aussi violent que soudain, cris abrupts, par vagues de deux. White Suns aime le pilonnage, élémentaire et qui soulage des mauvaises pensées. Le morceau Don Mattingly en est la parfaite illustration. Jouissif. Le trio alterne les expérimentations, les parties qui font monter l'angoisse à base de cliquetis et de bout d'acier froid et l'attaque frontale, triture le larsen, torture l'électronique, en appuyant par des rythmes/percussions déchaînés. Le son n'est pas encore à la hauteur mais le pire est à venir. Sur la cassette partagée avec Shearing Pinx (pas entendu leurs titres), White Suns fourni trois morceaux. Ils reprennent Don Mattingly, intitulé Son Mattingly. L'épaisseur du son, la puissance de feu joue dans une catégorie supérieure. White Suns rigole de moins en moins. Mais le meilleur est pour le suivant. Growth, avec son contraste aliénant entre les arpèges innocents en mode répétition et le déchaînement rythmique et sonore tout autour, le chant contrasté également entre mode parlé et hurlement, tout contribue pour vous faire craquer. Il y aurait presque du Deity Guns là-dedans, la version extrême et malade des nerfs. Nerfs qui finissent par lâcher totalement sur My Form Fades, son rythme mitraillette, ce concassage sonore et les ruptures d'anévrisme parcourant ce passionnant chemin de croix. Dernière livraison, la cassette Cavity et cinq titres sans partage. Communion, déjà présent sur le CDEP, se représente devant l'autel de la noise, encore plus martyre dans l'âme. Neap tide arrive à nous faire patienter grâce à une plage à l'ambiance bruitiste ténébreuse et bien maîtrisée ou l'art de rendre le larsen et les triturations sonores appétissants. C'était pas gagné. Mais c'est quand White Suns sort l'artillerie lourde, que la batterie pilonne de partout, que les cordes vocales s'arrachent qu'on les préfère comme sur le saisissant Centering. White Suns ne reculant devant aucun sacrifice, ils rajoutent de la longueur au plaisir sur Burial rites. Sept minutes trente renvoyant à Headbutt, cette approche industrielle sur des rythmes martiaux ou tribaux avec une bonne couche de crasse bruitiste et l'impression qu'une armée de forgerons et tourneurs-fraiseurs a squatté le studio. Des ouvriers du bruit qui ont laissé leurs sales pattes sur le titre final Sundial pour une fin tout en apesanteur grésillante et fin de cycle de l'essorage. White Suns, trio lacérant, fonctionnant au noise-rock extrême et cathartique. On les verrait bien débarquer chez Load records. Mais alors que l'on met un point final à cette chronique, White Suns sort de son esprit torturé une nouvelle production de dernière minute. Encore une fois, on va se contenter du MP3. Format CDr cette fois-ci, sur Cedar and Pine, tirage 100 exemplaires et portant le nom de Mourning Chamber. La chambre du deuil sonne comme un avertissement. On va pleurer nos tympans. Un seul morceau, quinze minutes de plongée sombre dans les entrailles de la bête. White Suns révèle pour le coup une dimension free-noise dont l'intensité n'est jamais oubliée et dont le fait marquant est ce tapis de rythmes comme un tapis de bombe, un déluge, un grondement de percussions/batterie volant allègrement à travers les tirs de saturation, cette guitare lézardant le ciel obscurci, le synthé brouillant les ondes et les hurlements, les yeux fermés. J'ai le flash. La prochaine étape est encore une cassette (avec The New Flesh) et enfin du dur, du vrai, du vinyl avec un 45 tours sur Dais records et un autre single partagé avec Twin Stumps. SKX (26/02/2010) |