Paul Flaherty/Chris Corsano/C Spencer Yeh
Snow Blind Avalanche - LP
Important 2006

Le duo formé par le saxophoniste Paul Flaherty et le batteur Chris Corsano est connu de tous et est bien établi : malgré la différence d'âge - ou grâce à ? - ces deux là s'entendent à merveille, redonnent une belle vitalité à la musique improvisée, offrent à entendre sur disques comme en concert des ébats free qui échappent à la monotonie du déjà entendu et du rabâché éternellement alors que, il faut bien le dire, ils n'ajoutent aucun élément nouveau dans la grande marmite à freeture. Seulement voilà, toutes ces leçons de liberté musicale, ces cavalcades furieuses, ce lyrisme jamais pompier, ce bruit qui tonitrue, ces deux musiciens les ont tellement bien apprivoisés, les aiment tellement, qu'ils leur offrent généreusement et leur redonnent ce qu'ils n'auraient jamais du perdre : la jeunesse éternelle. Le jeu très coloré et contrasté de Paul Flaherty y est sûrement pour quelque chose mais Chris Corsano et son approche violente de la batterie sont la clef de voûte d'un traitement hardcore du freejazz de papa. Ecoutez n'importe quel disque avec ce jeune skinhead et vous ne serez sûrement pas déçu.
Pour Snow Blind Avalanche les deux complices se sont adjoints les services de C Spencer Yeh (violon et voix) qui est très loin d'être un inconnu puisque étant un éminent membre de Burning Star Core. Il a aussi un duo avec John Wiese qui vaut son pesant d'acouphènes. La dynamique du duo initial n'est pas altérée avec l'apport de cette nouvelle personnalité : la première face de ce LP est une grosse déflagration in your face de free jazz punk bouillonnant et barré. La seconde - sur laquelle Yeh donne de la voix ou plutôt fait des borborygmes - démarre de façon moins traumatisante pour littéralement sous ensevelir sur sa seconde moitié. On parlait il n'y a pas très longtemps des prétentions free de Weasel Walter et il est intéressant de comparer l'ex diablotin des Flying Luttenbachers à Chris Corsano. Les deux ont des points de départ bien différents or ils atterrissent quasiment au même endroit, celui d'une cacophonie réjouissante et débraillée, d'un défouloir destroy jamais chiant, d'un free qui n'en fait qu'à sa tête. Sauvage et beau.

Haz (12/01/2010)