A Storm of light
And We Wept The Black Ocean Within - CD
Neurot 2008

Josh Graham n'est pas homme à chômer. Après s'être fait un nom en s'occupant des derniers visuels de Neurosis, il a intégré Blood and Time aux cotés de Scott Kelly (Neurosis toujours), sorti l'excellent album A Day of nights sous le nom de Battle of Mice (qui mériterait une chronique ici bas mais on peut pas tout faire) et fondé puis quitté Red Sparowes quand ces derniers se sont mis à dévier vers du post-rock fadasse. Car Graham aime les riffs monolithiques, la lourdeur qui va toujours de paire avec la noirceur et comme il n'est pas du genre à mettre de l'eau dans le pinard (un homme de bon goût), il s'adonne à sa passion favorite avec son nouveau projet au nom ronflant de A Storm of light. Mais il faut bien avouer que ce nom leur va comme un gant. Un mélange de violence et de beauté. Une électricité malmenée d'où jaillit des éclairs de lumière. Quitte à aller jusqu'à une certaine grandiloquence. L'affiliation à Neurosis est facile à trouver. Mais du Neurosis qui va à l'essentiel. Du Neurosis qui n'a qu'une idée en tête et l'exploite à fond. Graham et sa bande (Domenic Seita à la basse et Pete Angevine à la batterie rejoint depuis peu par un intérimaire de luxe, Vince Signorelli, batteur d'Unsane avec qui il alternera les concerts) sont des obsédés. Plus c'est lourd, plus c'est bon. Plaquer un riff monstrueux, le laisser mariner dans son jus, voir les dégâts qu'il occasionne, lui coller le rythme qui va avec et enrober le tout avec de subtils arrangements de synthés pour épaissir le propos. Des compos en forme d'énormes déflagrations dont l'écho se répand durant de longues minutes, s'amplifie puis se perd dans les profondeurs sous-marines, une image directement inspirée par la pochette aussi chargée qu'envoûtante. La musique d'un Grand Bleu cauchemardesque qui n'évite pas des écueils de monotonie, une répétition des thèmes dont les 60 minutes s'avèrent un peu longuettes mais également des raz de marée qui vous enveloppent comme le titanesque Vast and endless et le bien nommé Mass. Les voix déchirent l'horizon. La ligne de flottaison bascule vers l'inquiétant. Dix morceaux qui réussissent le tour de force d'être lourds comme du plomb et impalpables, dont trois morceaux que l'on peut considérer comme des interludes, un neuvième (Descent) qui n'est qu'une longue introduction planante (l'ivresse des profondeurs) au morceau de clôture (Iron Heart) dont la caisse claire et la chute finale vers les abysses continueront d'hanter pendant longtemps vos prochaines sorties en mer. A Storm of light navigue dans des eaux musicales très sillonnées mais trouve sans peine son Atlantide personnel.

SKX (02/06/2008)