Thalia Zedek
Trust Not Those In Whom Without Some
Touch Of Madness
- CD
Thrill Jockey 2004

Miss Zedek, âme damnée de la musique américaine, nous fait le plaisir de nous présenter son deuxième album solo. Son mal de vivre brinqueballé depuis le début des années 80 dans des formations comme Uzi, Live Skull et Come avant d'entamer une carrière sous son propre nom. Après un amuse-gueule You're a big girl now sorti en 2002 et qui n'avait rien de transcendant, elle nous revient beaucoup plus en forme, même si l'expression plus en forme est abusée. La musique de Zedek donne dans le blues-folk et ça n'a rien d'une partie champêtre où les rires fusent, par ici les bonnes blagues, que les femmes dansent nues sur les tables! Entourée d'un violoniste (Dave Curry) et d'un batteur (Daniel Coughlin), elle-même inséparable de sa fidèle guitare, le trio propose une déclinaison d'un blues moderne, ce qu'elle n'a jamais cessé de faire dans ses formations précédentes. Cette fois-ci, la version est sèche et intimiste, dépouillée de tout apparat et distorsion, enregistré à l'ancienne, le tout analogique, la vraie vie, celle qui transpire de ses cordes mélancolique et de sa voix si chargée. Le passé est rude et laisse des traces mais même si ces chansons ont une couleur majoritairement sombre, cet album possède comme une ombre d'espoir, une note d'optimiste dans quelques envolées de guitares et violon omniprésent. Sortez le violon, ramassez la chienne. Thalia Zedek n'est pas débarrassée de ses fantômes mais avec les ans trouve la voix de la rédemption, dépeint son blues avec la sagesse des personnes qui n'ont plus rien à (se) prouver. Une force tranquille qui se dégage de trop d'années de galère. Un album homogène qui n'a pas peur de malmener son blues, l'emmener dans des fracas électriques et de terminer sur un Hell is in hello et son violon qui hulule dans le désert, ses cymbales qui crachent, sa guitare qui se perd dans les larsens pour retomber sur ses pattes et nous laisser sur une note acoustique et une voix apaisée. Un résumé de tout un parcours pour un album qui a de la profondeur et de la patine.

SKX (14/11/2004)